Nimrod, auteur associé à l’École nationale supérieure d’art de Bourges

Entre octobre 2022 et mars 2023, l’École nationale supérieure d’art (Ensa) de Bourges accueille le poète, romancier, essayiste et animateur de revue Nimrod. L'auteur souhaite parler des écrivains et l'exil, mais aussi de l'écriture sous la forme de lecture.  
Pendant 6 mois, il "gueulera" des textes avec les étudiants de l'Ensa et prendra la "ligne de fuite", un projet d'écriture auquel il souhaite se consacrer.
Un projet de création soutenu par Ciclic Centre-Val de Loire.

Les écrivains et l'exil

Avec pour ambition commune l'expérimentation de l'écriture, Nimrod construit avec l'Ensa un corpus de textes et proposera des moments de lectures partagées constitutifs de l'écriture même. Au cours de la résidence Auteur associé de Nimrod, les étudiants de l'Ensa sont invités à expérimenter l'écriture, le public et les partenaires de l'école seront invités à découvrir cette démarche.

Comment expérimenter l'écriture ? 
"Un écrivain lit non pas seulement pour écrire, réactualisant la formule de Julien Gracq, devenue proverbiale : En lisant en écrivant. Il lit aussi parce que c’est l’unique façon pour lui de faire advenir la phrase, sa quête suprême. Et il lit à haute voix — il gueule ses phrases ! Le « gueuloir » de Flaubert n’est pas une métaphore.
Nimrod envisage la fabrique de la phrase avec cette exigence de mètre-oreille qu'il ajuste en permanence à sa palette sonore et rythmique. Selon lui, l’oralité des écrivains n’est pas celle qu’on ajoute par le biais d’une bonne diction : toute phrase littéraire est orale. Telle est l’énigme du phrasé : il invente le réel." 
La pédagogie à l'œuvre avec l'ENSA impliquera de trouver des « trucs » pour lire. Nimrod et les étudiants de l'ENSA en tireront partie en analysant les phrases, puis en les isolant, les disséquant, les retournant – toujours à haute voix –, puis en les restituant pour leur donner leur cohérence, en les intégrant à leur flux originel.

Lire, mais quoi ? 
Hormis sa propre histoire, Nimrod survolera les cas d'exilés célèbres : d’Homère à Ovide, de Victor Hugo à James Joyce, de Rainer Maria Rilke à Daniel Mandelsohn. D’autres références les complèteront au fur et à mesure : Michel Leiris (Langage tangage), Barbara Cassin (La nostalgie. Quand donc est-on chez soi ?), etc. Ils seront leurs éveilleurs !
En pleine guerre d’Ukraine, quand l’exil nous saute au visage, et les médias et tous les gouvernements d’Europe s’accordent pour nous faire accepter – avec succès – l’idée du bon réfugié. Existe-t-il seulement ? Un malheur énorme n’est-il pas la cause de leur fuite hors de leur patrie ? La formule souligne-t-elle l’excellence de leur situation ou celle de nos intentions ? Notre élection atténue-t-elle la douleur du réfugié ukrainien ? Le rend-il plus heureux ? Quelle est l’énigme de cette élection ?
Eschyle, avec Les bienveillantes, peut-il nous aider à la comprendre ? En un mot, la figure de l’exilé heureux est-elle pensable lorsque la guerre motive l’éloignement du pays natal?
Parallèlement à ces questions, Nimrod souhaite interroger la figure d'Ulysse, l'exilé, "homme aux mille ruses", en s'appuyant sur les écrits des poètes contemporains (Bertolt Brecht, Hannah Arendt, etc). 

Son projet d'écriture 

C’est un roman en deux volumes intitulé Sur les traces de mon père. Le premier tome s’appellera Ligne de fuite et le second Légende pour une photo perdue. Pour l'instant, seul le premier volume a été entièrement ébauché. Il s'agit d'un roman tiré de sa vie et de la mort des êtres qui lui sont chers : son fils, son père, sa mère. Du désordre familial dans lequel il a grandi et des questions qui colle à sa vie : comment vit-on avec ces réservoirs de douleurs sur lesquels aucun récit n'a été fait ? Dans son roman, Nimrod souhaite livrer son enfance dans le Tchad des années 70. Un Tchad en pleine mutation où sa famille, mutique, pousse l'enfant qu'il était à une multitude de questions. 

Pour autant, Nimrod n'écrira pas un récit triste, ce n'est pas son style ! 
Il voit Ligne de fuite comme une sorte d'odyssée qui mettra en relief le fait qu'il a grandi avec les enterrements, "ces grands pourvoyeurs d'orphelins", dont il n'avait pas une grande conscience enfant. Ce roman de son passé, très intime, s'adressera en premier lieu à ceux qui ont un avenir à construire. 

Le programme d'actions culturelles

Des rencontres régulières avec les publics des partenaires de l'Ensa-Bourges seront organisées tout au long de la résidence. Ainsi les lecteurs des médiathèques et des librairies de Bourges seront invités à rencontrer Nimrod et les étudiants du studio. Les résultats éditoriaux, performatifs et autres formes à venir seront ensuite diffusés notamment par la radio de l'Ensa-Bourges pendant et à la suite de la résidence.

Programme prévisionnel des rencontres et ateliers : 

  • du lundi 17 au jeudi 20 octobre 2022 : de 17h à 19h30, rencontre avec la classe prépa art du lycée Alain Fournier de Bourges dans le cadre de leur enseignement en littérature. 
  • du lundi 14 au vendredi 17 novembre 2022 : semaine de Workshops avec les étudiants de l'Ensa, en début et fin de journée, travail collectif
  • du lundi 28 novembre au 1er décembre 2022 : de 17h à 19h30, semaine de Workshops avec les étudiants de l'Ensa
  • du mercredi 1er au samedi 4 février 2023 : semaine de Workshops avec les étudiants de l'Ensa, en début et fin de journée, travail collectif + une rencontre/signature publique prévue à la librairie Simone(s) ou La Poterne à Bourges (à définir). 
  • Les journées de vendredi et samedi seront des journées "Portes ouvertes" à l'école.
  • le mercredi 8 mars 2023, à 18h30, rencontre de Nimrod à la bibliothèque patrimoniale des Quatre piliers.
  • du lundi 6 au jeudi 9 mars 2023 : de 17h à 19h30, semaine de Workshops avec les étudiants de l'Ensa
  • du lundi 27 au jeudi 30 mars 2023 : de 17h à 19h30, une rencontre publique/restitution du studio aura lieu à la médiathèque/bibliothèque des 4 piliers de Bourges 
  • mercredi 29 mars à 19h15 : Lecture/signature à la Librairie La Poterne 
  • jeudi 13 avril (journées son de l'ENSA Bourges) : lecture de Nostalgie, tu n'es pas Odyssée
    (Cf Flyer ci-joint)
  • mercredi 3 mai - 18h30 à la Bibliothèque des 4 piliers : rencontre avec Nimrod, un dialogue avec les étudiants de l'atelier des pratiques de l'écrit de l'Ensa Bourges (cf flyer)
Nimrod 

Né en 1959 au Tchad, Nimrod est poète, romancier, essayiste, animateur de revue (Aleph, beth, de 1997 à 2000, et Agotem, 2003 à 2005) et éditeur (Le Manteau & la Lyre). Il est philosophe de formation. Il a animé quelque temps une chronique de critique littéraire sur le site Web d’Africultures intitulée « Phase critique ».
Nimrod a reçu entre autres le Prix de la Vocation (1989 pour Pierre, Poussière), le Prix Louise-Labé (1999 pour Passage à l’infini), la Bourse Thyde Monnier de la Société des Gens de Lettres (2001 pour Les jambes d’Alice). Au printemps 2008, Le bal des princes (roman) et La nouvelle chose française (essai) ont reçu les Prix Benjamin
Fondane, Édouard Glissant, Ahmadou Kourouma et Guillaume Apollinaire.
Nimrod a reçu le Prix Max Jacob en 2011 pour Babel, Babylone (poèmes, Obsidiane), le Prix Pierrette-Micheloud en 2016 pour Sur les berges du Chari, district nord de la beauté (poèmes, éditions Bruno Doucey) et le Prix Guillaume Apollinaire en 2020 pour Petit éloge de la lumière nature (poèmes, M&L / Obsidiane). Il a enseigné en qualité de professeur visiteur à l’université du Michigan (Ann Arbor) à l’automne 2006. En septembre 2008, il a été invité de nouveau à l’université du Michigan pour une résidence d’écriture de six mois. Le magazine Le Matricule des anges (n° 91, mars 2008) et la revue de poésie Autre Sud (n° 40, mars 2008) lui ont consacré respectivement un dossier.
Il vient de coordonner un dossier de la revue L’Étrangère n° 33/34 consacrée à la poésie africaine (2014) et un ouvrage collectif aux éditions Créaphis, coll. « Foto », intitulé N’Djaména, Tchad (2015).

L'École nationale supérieure d’art (Ensa) 

est un établissement d'enseignement supérieur placé sous la tutelle du ministère de la Culture et de la communication. Elle dispense un cursus de type master, ouvert sur des axes de recherche diversifiés. Installée dans un bâtiment du XVIIIe siècle et située au cœur historique de la Ville, l’École se caractérise par ses vastes espaces de travail, ses nombreux ateliers techniques, et ses lieux ressources accessibles aux publics : la bibliothèque, la galerie d’exposition (La Box), l’amphithéâtre. Lieu de formation et lieu de vie, elle favorise l’inventivité, l’expérimentation et la réflexion. Accueillant un grand nombre d'évènements ouverts au public et impliquant ses étudiants dans des projets collectifs sur l’ensemble du territoire, l’engagement de l’Ensa-Bourges dans la vie culturelle et sociale est de plus en plus reconnu.

Contact : Ensa Bourges 9 Rue Edouard Branly - 18000 Bourges http://www.ensa-bourges.fr/ 02 48 69 78 81