Huit mots de lisière : sur des oeuvres de Gérard Titus-Carmel

Editeur : Tarabuste
Auteur : Jean-Marie Gleize

EAN : 9782845876460
Prix : 10 €
Collation : 15p. ; 13cm x 18cm ; épaisseur 0.8cm ; illustrations en couleur
Date de parution : 12/02/2024

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Devant l'image.

Elle n'appelle aucun commentaire, elle dit ce qu'elle dit en le montrant, et c'est pourquoi (à mes yeux) elle est toujours un peu inquiétante. Je crois ne pas comprendre ce qu'elle annonce, ce qu'elle cache en l'exhibant. Et c'est bien pourquoi je me sens tenu d'y répondre. Pour y découvrir ce que je ne vois pas, et entrer par des mots (des « phrases » ou suites dépliées de mots et de lignes) dans le secret de sa mémoire. C'est alors que du réseau de gestes et d'objets en attente ou flottant à la surface de l'eau (de cette page, comme une étendue calme avant la pluie), surgissent les bribes d'un récit que personne (ni moi) ne pourra jamais reconstituer, parce qu'il se décale en apparence, se confond avec les détails les plus invisibles que l'image ne cesse de proposer, ou de suggérer dans le plus grand silence. Ce récit est fait de riens qui vont ou qui doivent se produire, de scènes délibérément tronquées ou très indécises, de circonstances en perte d'équilibre. Du texte qui en résulte on pourrait dire qu'il ne cesse d'effacer l'image dont il est pourtant le double creusé, bougé, accentué, dont il ne cesse de s'éloigner en le pénétrant, auquel il semble étranger et dont cependant il découle.
J.-M. G.

Leporello sous couverture : texte de Jean-Marie Gleize sur des œuvres de Gérard Titus-Carmel


Jean-Marie Gleize, né en 1946, est écrivain et créateur de la revue Nioques. Il est l’auteur d’un certain nombre d’ouvrages – dont plusieurs consacrés à Francis Ponge – parmi lesquels on retiendra A noir (1992), Les Chiens noirs de la prose (1999) et plus récemment Tarnac (2011) et du Livre des Cabanes (2015).
Il est par ailleurs professeur émérite de littérature moderne et contemporaine à l’Ecole normale supérieure de Lyon, où il a été responsable du Centre d'études poétiques de 1999 à 2009. Il a publié l’essentiel de son travail critique et d’écrivain au Seuil, dans la collection « Fiction & Cie ».

Gérard Titus-Carmel est né en 1942, il s’initie très tôt à l’Art moderne après des études à l’école Boulle et se passionne pour le surréalisme et la poésie.
Dès ses premières expositions, dans les années soixante, ses toiles et ses dessins, ses lithographies et ses gravures révèlent un goût puissant pour la littérature, comme en témoignent aussi les titres et les dédicaces de ses tableaux, volontiers voués aux grands romantiques, tel Young ou Coleridge. Il commence par illustrer des poètes qu’il aime, de Jacques Dupin à Philippe Jaccottet, avant de donner ses propres recueils de poèmes, qu’il enlumine souvent, en des livres rares, tout en publiant des réflexions sur la peinture (Elle bouge encore…, Actes Sud, 1992).
Sa production poétique est tout aussi importante.

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