Genre souvent méprisé, jugé commercial, répétitif, et parfois inepte, le teen movie n’a pas toujours eu bonne presse. Le terme même de teen movie est ambigu : il peut désigner des films ciblant ou bien dépeignant, des adolescents. Une définition stricte du genre impliquerait de ne prendre en compte que les films ciblant spécifiquement les adolescents, tels qu’ils ont été conçus, aux États-Unis d’abord, après la Seconde Guerre mondiale, avec l’émergence d’une culture de masse.
Ces films obéissent souvent à la logique sérielle propre à la culture de masse, organisés en cycles et en sous-genres, du slasher à la sex quest. Un système complexe de conventions et de stéréotypes se met en place, permettant à la fois la familiarité et le renouvellement : le monde du teen movie est constellé de références et de clins d’œil, destinés à séduire un jeune public moins naïf qu’il n’y paraît. Les teen movies oscillent ainsi entre une artificialité façonnée par des stéréotypes reconnaissables, et le désir d’être en phase avec les goûts et modes changeants de son public, entre conventions et visées réalistes. Et bien sûr, parce que les frontières sont poreuses, des films plus personnels et singuliers sont venus s’agréger à la culture adolescente et alimenter ses mythes et ses légendes, de James Dean à John Travolta.
Autrices : Adrienne Boutang et Célia Sauvage, chercheuses en cinéma, spécialistes du cinéma nord-américain contemporain et auteures de Les Teen Movies, paru aux éditions Vrin en 2011. Ciclic, 2021.
la frise en plein écran