«Vestiges de soi, lignes d’insu», une résidence pour interroger nos traces d’images et de données

 

Mon travail d’écriture s’intéresse depuis le début à la question de ce qui s’écrit de nos vies à notre insu. Contact, mon premier livre, est le récit des tentations de bifurcations à partir d’un chemin «tout tracé», comme on disait du destin. Saphir Antalgos, mon second livre, est une enquête sur la manière qu’a le rêve d’imprimer nos corps et nos pensées de ses traces de passage. Etant donnée, mon projet actuel, que je conçois comme un livre transmédia, s’intéresse à cette écriture de nous-même toute particulière et technique qui s’engage par la production de données en masse sur la plupart des événements de nos vies. «Dans le viseur» est un autre projet d’écriture que je mène en ce moment, consistant à écrire à partir de photographies anonymes, pour réinventer des vies à partir de ces infimes traces laissées, sans signe pour les accompagner.
Je voudrais proposer, pour cette résidence, d’interroger ces écritures de l’extérieur de nous-même, non pas au moment où elles sont produites, mais dans leur statut de traces, de vestiges. Nous vivons une période où les fragments épars de ce qui est sensé nous décrire sont si nombreux, si disparates, que pour les faire parler ensemble, et retrouver dans cette polyphonie quelque chose de la personne captée, nous devons faire une sorte d’archéologie en temps réel.
Je voudrais pour cela travailler sur deux registres apparemment sans lien :
- les données, telles qu’elles peuvent s’accumuler sur quelqu’un dans divers serveurs, et en ligne
- les images, fixes ou animées, prises d’une personne, conservées dans ses tiroirs, ses placards, ses disques durs, et qui, pour certaines d’entre elles se retrouvent à l’état de données, stockées numériquement, et mises en ligne.


Cécile Portier