L'équipement des communes et groupements de communes en bibliothèques : lacunes et inégalités territoriales

Si de nombreuses bibliothèques ont vu le jour au cours des 40 dernières années, des territoires, ruraux mais aussi urbains, en sont encore dépourvus. Des bâtiments, inadaptés, demandent à être restructurés ou rénovés pour répondre aux besoins actuels de la population. Le rapport de l'Inspection générale des bibliothèques met en évidence les lacunes et inégalités territoriales et insiste sur le rôle de l'Etat, à côté de celui des collectivités, pour garantir une égalité d'accès au service public de la lecture. Synthèse.

De très nombreuses bibliothèques ont vu le jour depuis 40 ans. Le retard français en la matière s’est considérablement réduit. Il n’en reste pas moins que 55 % des communes, représentant plus de 11 millions de personnes soit 17% de la population française, ne disposent d’aucun lieu de lecture publique.

La plupart des équipements des années 1960 à 1990 ont beaucoup vieilli à tous points de vue. Leur adaptation aux besoins, à commencer par l’évolution des usages, appelle des travaux qui vont d’une rénovation légère au transfert dans un autre bâtiment en passant par l’extension et la restructuration. D’une manière générale, et paradoxalement pour des équipements qui veulent et doivent être des services de proximité, les réseaux sont insuffisants, qu’ils soient communaux ou intercommunaux. Le développement des équipements intercommunaux, joint à l’extension du territoire des EPCI, accroît la tension constatée à l’échelle communale entre le format et le nombre des équipements et la dimension des territoires à desservir. À tous les échelons, national, régional, départemental, intercommunal ou communal, des inégalités très marquées doivent être relevées quant à l’accès au service public de la lecture.

L’existence et la taille des bibliothèques sont soumises à des déterminismes, géographiques, économiques, etc. Pour cette raison, les zones rurales sont moins bien équipées que les zones urbaines. Toutefois, habiter dans une petite commune rurale ne condamne pas systématiquement la population à ne disposer d’aucun équipement ou d’un équipement insignifiant. Et à l’inverse, vivre dans une ville d’une certaine importance ne garantit pas à ses habitants de disposer d’une bibliothèque satisfaisante. Contraints, la création d’un service de lecture publique et le niveau de ce service sont aussi libres : ce sont des choix politiques.

Il revient aux communes et groupements de communes de faire ces choix. Dans le respect de leur libre administration, il est de la responsabilité de l’État, garant de l’égalité sur l’ensemble du territoire national, de continuer à les y aider. De ce point de vue, le Concours particulier Bibliothèques de la Dotation générale de décentralisation reste un outil décisif. Celui-ci pourrait être mis en œuvre d’une façon plus proactive, avec en particulier la fixation de priorités (bibliothèques « stratégiques », zones rurales et périurbaines, quartiers prioritaires de la politique de la ville, préservation des collections patrimoniales) et un nouveau programme de bibliothèques de proximité.

Dans cette perspective, la place des bibliothèques dans les démarches partenariales de planification État/collectivités locales serait à renforcer. Il s’agit à l’échelon régional des contrats de plan État-Régions; à l’échelon départemental, des schémas départementaux d’amélioration de l’accessibilité des services au public; à l’échelon intercommunal, des schémas de cohérence territoriale (SCot) et des contrats de ville. La collaboration initiée, en lien avec la présente étude, entre le Service du livre et de la lecture et le Commissariat général à l’égalité des territoires doit être pérennisée. La lecture publique est une des compétences obligatoires des départements; ceux-ci constituent une des clefs de son développement; aussi importe-t-il de s’appuyer sur eux et de les aider à cet effet. Sur deux points, l’expertise de l’État est particulièrement attendue : l’observation comparée des territoires; la conception d’équipements et de réseaux présentant le meilleur ratio coût/efficacité.

Médiathèque Agorame - Montargis (45)

I.G.B. (Inspection générale des bibliothèques)

L'Inspection générale des bibliothèquesI.G.B.est un service de contrôle et de conseil placé sous l'autorité directe du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et mis à la disposition du ministre de la culture pour les bibliothèques qui relèvent de sa compétence. Créée en 1822 pour assurer le contrôle des bibliothèques publiques issues des confiscations révolutionnaires, elle a vu ensuite ses fonctions s’élargir après la constitution des bibliothèques universitaires.