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(Hallé)
« Hormis quelques cellules, chez l'homme, rien qui puisse
représenter une structure juvénile épargnée par le temps »
l'enfance a-t-elle complètement disparu
– devenue autre –
je peine à croire
à cet entier recouvrement de soi
s'il ne reste que quelques cellules à savoir
il suffit de peu de chose pour la rejoindre
la sentir tendre en son élan
elle s'accroche invisible à un lieu
elle ne veillit pas
il suffit de peu de choses pour la faire revivre
toute enfance semble revenir pour nous soulever
nous qui avons perdu connaissance
– à moins que je ne sois devenue plante –
Nous partageons avec le végétal beaucoup de nos gènes et l'introspection puissante qui règne dans la poésie de Camille Loivier fait resurgir cette question de l'espace partagé et de la délicate intention de notre passage ; qu'il soit le plus léger, sans empreinte excessive... Ainsi va la vie du poème, comme une passerelle entre soi et l'autre, quel qu’en soit sa nature, et l'excessive tentation du moderne dans la séparation des êtres et des choses. Camille Loivier entretient, entre langage familier et questionnement philosophique, le souci d'une écriture rompue à la vie, où l'expérience le dispute à la seule création que suppose la destination de la langue du poème.
Camille Loivier, née en 1965, vit à Paris et enseigne la littérature de langue chinoise (Chine, Taïwan, Hong-Kong) à Arras.
Elle a publié des recueils de poésie, dont, Eparpillements chez Isabelle Sauvage, Joubarbe (Potentille), La terre tourne plus vite (Tarabuste), elle a aussi publié dans différentes revues (Dans la lune, Petite, Europe, RBL, N4728, Remue.net, Rehauts). Elle a dirigé Neige d'août, revue de poésie consacrée au lyrisme et à l'Extrême-Orient, de 1999 à 2016. Traductrice du chinois et particulièrement de littérature taïwanaise, elle a notamment traduit le romancier Wang Wen-hsing, ainsi que les poètes contemporains Hung Hung, Hsia Yu et Leung Ping-kwan.