Lumière sur... un auteur BD : Étienne Le Roux

Au lendemain du 45e festival d'Angoulême, alors que les conditions socio-économiques des auteurs de bandes dessinées sont de plus en plus précaires, que la question de leur mode de rémunération est soulevée, que des revendications se font jour et que la Ministre de la Culture annonce le lancement d'une mission sur la refondation de la politique nationale en faveur de la bande dessinée, Ciclic met en lumière un auteur majeur du paysage de la bande dessinée française.

Étienne Le Roux, dessinateur et scénariste de près d'une trentaine d'albums, installé en Touraine depuis ses années de lycée, fonde à Tours avec ses comparses Freddy Martin, Vincent Froissard, et Serge Pellé l'atelier Zébulon, au mitan des années 90. C'est le début d'une belle aventure, d'amitiés et de collaborations artistiques, le cœur de la "galaxie Le Roux".

Christophe Meunier, docteur en géographie, spécialiste de bande dessinée et membre du laboratoire InTRu de l'université de Tours, présente l'œuvre et le parcours d'Étienne Le Roux, et propose une analyse détaillée de sa technique picturale et narrative, à travers l'étude de quelques planches emblématiques de son travail.

Étienne Le Roux, artisan d'aventures


par Christophe Meunier

L’œuvre d’Étienne Le Roux est composée à ce jour de 27 albums pour lesquels il est soit illustrateur (pour 21 d’entre eux), soit scénariste (pour 3 d’entre eux), soit encore les deux (pour 3 d’entre eux). Cette œuvre a été réalisée sur un peu plus de vingt ans, soit près d’un album et demi par an. Ce qui est certain, c’est qu’Etienne Le Roux déteste travailler seul. De son propre aveu, il préfère le travail d’équipe, les échanges entre un scénariste et un dessinateur, les allers-retours, les discussions, les points de vue différents qui enrichissent immanquablement la création. Ce besoin de travailler avec d’autres qui ont des expériences différentes s’est très tôt fait sentir chez lui. Dans une interview accordée au fanzine en ligne Yozone en 2008, il exprimait la complémentarité qui était née au sein d’un atelier formé en 1994, l’atelier Zébulon, avec Freddy Martin, Vincent Froissard, Serge Pellé et lui dans le quartier Beaujardin de Tours :

 « On était tous au chômedu, à peu près au même niveau, on avait tous des lacunes, mais pas les mêmes. En travaillant (sur des décors de jeux vidéo, sur des décos de fêtes, des projets d’univers multimédias), on laissait celui qui était plus compétent dans un domaine conseiller les autres, et, petit à petit, on a comblé nos manques et développé nos personnalités sans pour autant se ressembler. Maintenant, c’est encore ceux des dessineux à qui je me confie le plus facilement, on a fabriqué un vocabulaire commun, c’est facile de se comprendre. » (Yozone, 2008)

Les scénaristes et les illustrateurs avec lesquels notre auteur travaille ou a travaillé appartiennent à différentes sphères. Au cœur de la galaxie Le Roux, il y a les anciens de l’atelier Zébulon, tous ex-élèves ou ex-enseignants de l’école Brassart. Cette première sphère s’élargit au gré des rencontres et de la fréquentation des maisons d’édition pour qui il travaille. Il y a d’abord la sphère Vents d’Ouest, celle où le « cœur de la galaxie Le Roux » se cristallise. Elle intègre le scénariste Thomas Mosdi. Il y a celle des éditions Delcourt qui réunit les scénaristes Dieter, Contremarche et Corbeyran. Cette dernière permet à Etienne de constituer une planète satellite composée de ses propres ex-élèves de Brassart, Chevallier et Brizard. Enfin, la dernière sphère est celle des éditions Futuropolis qui intègre le scénariste Brunschwig. 

Même si notre auteur avoue une grande tendresse pour les comics, les super-héros et la science-fiction, les genres auxquels il consacre ses talents d’auteur sont assez divers. On trouve ainsi de l’héroic Fantasy (L’Education des assassins, Le Serment de l’Ambre), du récit de guerre (14-18), du récit de voyage (Le Dernier voyage d’Alexandre de Humboldt), du conte (La Mille et unième nuit) et bien sûr de la science-fiction (Aménophis IV, Après la guerre).
Nous complétons cette liste d’exemples par un tableau récapitulatif et analytique de l’œuvre d’Étienne Le Roux (cf. infra).

PASSION : BD

Étienne Le Roux est né en 1966 à Madagascar. Dès l’âge de 5-6 ans, il se passionne pour la bande dessinée : « Tout môme, mon grand frère était abonné à Pilote[1]. Et là-dedans ce qui m’impressionnait le plus, c’était Philémon de Fred. Parallèlement, en secret dans la salle d’attente du coiffeur, je lisais les histoires de super héros, Strange[2] et les petits Pockets de gare. Comme c’était mal dans la famille, j’aimais encore mieux ça ! À l’adolescence, on m’a abonné à Métal Hurlant[3], je crois que je n’en n’ai pas raté un numéro. Je suis un fils de Métal ! Corben, Moëbius et la culture de Dionnet qui ont orienté mes passions : la peinture, la SF, les illustrateurs obscurs et les liens entre tous ces univers imaginaires » (Yozone, 2008).

Il fait ensuite sa scolarité à Tours et est inscrit au lycée Choiseul en seconde Arts appliqués. Mais le parcours ne lui convient pas : ce qu’il veut faire c’est de la bande dessinée. Il continue à l’Institut d’Arts visuels d’Orléans mais là aussi, aucune section illustration ou bande dessinée. Il tente alors, mais sans succès, d’intégrer l’école de la bande dessinée d’Angoulême. C’est donc seul qu’il va devoir se former. C’est à Orléans qu’il fait cependant la rencontre de Georges Pernin, journaliste, chroniqueur à Radio France Orléans, grand amateur de bandes dessinées. Entré aux éditions du Lombard, il devient rédacteur en chef du Journal de Tintin jusqu’à sa dissolution en 1988. C’est Georges Pernin qui repère les talents d’Étienne et qui lui permet de publier quelques planches dans le journal Jet en 1990. Jet est un mensuel de cent pages couleurs, publié au Lombard. Il se considère comme « le premier journal européen des jeunes talents ». Il est consacré à la prépublication de jeunes auteurs prometteurs. Chaque bande est précédée de la biographie de l’auteur. Les couvertures sont réalisées par des artistes confirmés. Sa parution est éphémère puisqu’il n’y aura que neuf numéros (de janvier à septembre 1990).

En 1992, Étienne fait la connaissance de Laurent Galmot, directeur de collection chez l’éditeur de bandes dessinées Vents d’Ouest. Il lui montre quelques dessins, quelques planches. Galmot lui propose alors de s’inscrire dans une série fantastique qui vient d’être lancée, « Prisoner of ice ». Le scénario est celui de Thomas Mosdi qui vient de réaliser avec le dessinateur Lucien le premier numéro, La Geôle de Pandore. Les 46 planches du deuxième tome, Le Glaive du Crépuscule, sont publiées en 1994. À Vents d’Ouest, Etienne se lie d’amitié avec d’autres compagnons d’infortune : Serge Pellé, Freddy Martin et Vincent Froissard.

Tous les quatre sont débutants et trois d’entre eux sont d’anciens élèves de l’école Brassart. Cette école privée créée à Tours en 1949 enseigne les arts graphiques et le dessin publicitaire depuis 1955. Serge Pellé a décroché un CAP de maquettiste publicitaire. Freddy Martin dessine des affiches, des couvertures de magazine, des pochettes de disque. Amateur de jeux de rôle, il rencontre lors d’un salon Thomas Mosdi, auteur de jeux pour Descartes et la revue Casus Belli. Vincent Froissard travaille dans le graphisme et réalise des couvertures de livres. Ensemble, ils décident de réunir leurs compétences pour fonder l’atelier Zébulon en 1994. Jusqu’en 2001, avec l’atelier, ils réalisent des travaux divers tels que les décors du jeu vidéo Iznogoud pour la société Microïds, des fresques géantes ou encore des couvertures pour le magazine Jazz actuel. Étienne, Vincent, Serge et Freddy reconnaissent avoir été nourris par l’expérience d’anciens profs de Brassart dans les années 1980. À l’époque, le directeur de l’école est Bernard Deyries. Il a créé à Tours, rue Chalmel, au début des années 1970 avec Jean Chalopin, un studio de spots publicitaires, la DIC (Diffusion Information Communication). À la fin des années 1970, la DIC se lance dans le dessin animé et transporte ses studios à Boulogne-Billancourt. Là travaillent une centaine d’artistes dont des Tourangeaux, professeurs occasionnels à Brassart et anciens élèves : Jean Barbaud qui donne naissance aux personnages des séries Il était une fois… l’homme (1978), … la vie (1987), … l’espace (1982) ou … les découvreurs (1994), Philippe Bouchet, dit Manchu, père d’Ulysse 31, Bruno Bianchi, à qui l’on doit l’Inspecteur Gadget. Dans les années 1980, la DIC devient un des principaux studios de dessins animés télévisés pour enfants.

En 1995, au hasard d’une discussion, Grégoire Seguin, libraire spécialisé BD installé à Tours depuis 1993 et qui deviendra quelques années plus tard éditeur chez Delcourt, fait part à Etienne de la rumeur que la série Le Serment de l’Ambre serait en panne de dessinateur. « J’ai fait quelques essais, beaucoup en fait. Delcourt m’a fait refaire certaines pages cinq fois. Et j’ai finalement été pris. Le premier dessinateur de la série, Mathieu Lauffray, m’a passé le relais avec classe ». Le travail avec Contremarche et Dieter, les deux scénaristes de la série, est intéressant et c’est tout naturellement qu’Etienne demande à Dieter de lui écrire un scénario pour une série de science-fiction. Aménophis IV nait dans un climat de complémentarité la plus complète. Pour les décors, Etienne a l’idée d’aller trouver Manchu dont il est fan depuis le collège. « Gros lecteur de SF, j’ai suivi son boulot en lisant les bouquins qu’il illustrait. Et quand j’ai commencé à faire des livres, on s’est revu et le courant est passé » (Yozone, 2008). Pour les trois volumes de la série Aménophis IV, Manchu est conseiller scientifique et technique. À ses côtés, Étienne continue à apprendre sur la couleur, la composition et les perspectives complexes.

Autre rencontre, dans cette carrière qui est déjà bien amorcée et pour laquelle l’épisode Zébulon vient de se terminer, c’est celle avec Luc Brunschwig. Les deux hommes sont placés autour de la même table à dessin par le Festival BD Boum de Blois qui leur a confié la mission d’écrire un court récit sur les transports en commun[4] : « Nous y avons pris du plaisir tous les deux, et assez vite, on s’est dit qu’il fallait qu’on fasse quelque chose ensemble. Il avait l’idée de La Mémoire dans les poches sous le coude depuis longtemps » (Yozone, 2008). Luc Brunschwig est en contact avec Sébastien Gnaedig, ancien éditeur aux Humanoïdes associés avec qui il a travaillé sur de nombreux projets et qui est arrivé chez Dupuis en 2000. Mais en 2004, Gallimard souhaite relancer Futuropolis et demande à Gnaedig d’en prendre la direction. Brunschwig suit Gnaedig et emmène avec lui Étienne Le Roux. La Mémoire dans les poches sera éditée chez Futuropolis où il rencontrera un très large succès.

En 2013, Guy Delcourt propose à Eric Corbeyran d’écrire une série de dix volumes qui se déroulerait durant la première guerre mondiale. Il faut sortir les dix titres en quatre ans, entre 2014 et 2018, raconter la Grande guerre autrement dans cette période de commémoration. Corbeyran accepte et choisit de travailler avec un illustrateur devenu maison, Etienne Le Roux. Les deux hommes viennent de travailler ensemble sur le 13e opus de la série « Zodiaque », Le Plan du serpentaire. Le projet enthousiasme Étienne qui a alors cependant beaucoup de travail. Notre auteur se construit une petite équipe en allant chercher dans le vivier de l’école où il assure quelques cours au début des années 2000, l’école Brassart. Loïc Chevallier sera décoriste et Jérôme Brizard, déjà coloriste sur Le Plan du serpentaire, assurera la couleur et les décors. La série « 14-18 » est lancée.

Jeux de mots et de traits

Nous aimerions maintenant analyser deux aspects du travail d’Étienne Le Roux : d’une part son œuvre de scénariste et d’autre part celle de dessinateur. Pour ce faire, nous avons choisi de focaliser notre attention sur deux exemples : Le Dernier voyage d’Alexandre de Humboldt (2010, 2014) et La Mémoire dans les poches (2006, 2009 et 2017).

Le Dernier voyage d’Alexandre de Humboldt est le premier projet dans lequel Étienne Le Roux scénariste confie la réalisation graphique à un autre que lui en la personne de Vincent Froissard. Les deux volumes sont un récit de voyage et l’attention portée au lettrage tout comme le recours au « Je » appuient cette inscription dans le genre. Cette chronique sur fond historique s’inspire de trois personnages ayant réellement existé : Aymé Bonpland (1773-1858), Carl Ritter (1779-1859) et Alexandre de Humboldt (1769-1859). Les trois scientifiques sont contemporains et Alexandre de Humbold fait le lien entre les deux précédents. Il est avec Carl Ritter le père de la géographie moderne et de l’Académie des sciences de Berlin. Il est avec Aymé Bonpland un voyageur, explorateur et scientifique. Aymé Bonpland, biologiste français, et Alexandre de Humboldt ont ensemble parcouru les océans. Ils sont allés en Amérique du Sud entre 1800 et 1804. Ils ont exploré Cuba et le Mexique. Après un retour en France, Bonpland décide de repartir au Brésil en 1817 pour y rester et y finir sa vie en 1858.

L’idée de Le Roux est de partir d’aspects réels, de s’appuyer sur une lame de fond de vérité qui va servir de sous-couche à l’aventure. Les trois scientifiques sont des découvreurs, des explorateurs, des géographes, amoureux de la Terre et de ses merveilles. Après, Le Roux grossit les traits. Bonpland, l’aventurier, se perd en Colombie. Il disparait totalement laissant à son ami Humlboldt un dernier message porté par une femme énigmatique, Dona Luis Amadilla. Alexandre de Humboldt, le narrateur, est un honorable scientifique, admiré dans toute l’Europe, président de l’Académie des Sciences de Berlin. Il n’a plus rien à prouver mais qui demeure avide d’aventure. Enfin, Ritter, vieillard cacochyme rêve de gloire et de supplanter Humboldt dont il a fait son rival.

Les deux volumes de la série plongent le lecteur en 1848 et 1849 sur les traces de Bonpland à travers les mers et les océans, les terres les plus reculées et les mines les plus profondes. Une jeune inconnue, venant d’Amérique du Sud, Louise Amadilla, vient trouver le vieil Alexandre de Humboldt dans sa retraite pour lui remettre le carnet d’Aymé Bonpland son ami explorateur disparu en Colombie quelques années auparavant. À la lecture des premières pages, Humboldt est transporté. Soudain, une libellule s’échappe des pages jaunies : c’est le signe pour Humboldt que son ami est toujours vivant et qu’il doit partir à sa recherche. La fluidité de la narration se mêle à merveille avec le dessin doux, délicat et sombre de Vincent Froissard. C’est à un triple voyage que nous convie Le Roux : celui de la recherche d’une amitié oubliée, celui d’un itinéraire géographique à la surface de la terre par-delà les mers et celui d’une exploration géologique et botanique à travers les profondeurs d’une mine qui révèle les secrets du temps long de la Terre.

Triple voyage ou voyage tridimensionnel semé d’embûches, d’affrontements, d’obstacles dont Humboldt vient à bout. La série se termine par la lecture de la dédicace que le vieux géographe a griffonnée sur le carnet de Bonpland et qu’il redonne à Louise avant de reprendre le chemin vers la vieille Europe : « J’étais perdu dans un brouillard, cherchant à tout prix une sortie, avide et jamais satisfait… Je creusais un sillon que je croyais profond mais qui n’était qu’une plaie… Et tu m’as entrainé, petite demoiselle dans une seconde enfance… ». Cette phrase, à elle seule, résume une bonne partie du projet de la série.

L’image finale, pleine page, qui mêle spirale de l’infini et un navire s’éloignant vers la mer hauturière, peut se lire comme un éternel recommencement, une invitation au voyage et à la découverte inexorable du monde. À l’image de fin fait écho le texte du cartouche qui parle de commencement : « Tout a commencé quand une inconnue vint frapper à ma porte, un paquet à la main… » (Tome 2, p.80).

En préambule (Tome 1, page 3), Humboldt écrivait pourtant : « Ceci n’est pas un récit de voyages, ni un roman d’aventures, ni élucubrations d’un savant vieillissant qui retombe en enfance ». Non, la série est en fait les trois en même temps : trois récits entremêlés et liés les uns aux autres. Le Dernier voyage d’Alexandre de Humboldt est un récit d’aventure, au sens étymologique du terme. Dès les premières cases du premier volume, on sait ce qu’il adviendra de Humboldt. Même retiré au fin fond d’un lugubre château allemand, il n’attend qu’une seule chose, qu’une petite chose, une petite libellule argentée échappée d’un carnet, pour prendre le large, pour repartir explorer le monde. C’est écrit, c’est son destin.

L’histoire de La Mémoire dans les poches est largement inspirée de la propre vie de Luc Brunschwig. Les prémisses de cette aventure graphique commune avec Étienne Le Roux est à chercher dans les cinq planches d’Autre chose, petite contribution des deux auteurs au volume commandé par BD BOUM en 2007, Transports sentimentaux. Parmi les principaux commanditaires de l’ouvrage collectif, il y a Keolis Blois, promoteur des Transports urbains blésois. L’histoire que choisissent de raconter Brunschwig et Le Roux se déroule dans une cité de grands ensembles. Un jeune romancier, Philippe Couture, vient donner des cours d’alphabétisation auprès de populations récemment immigrées. Il arrive timoré, bourré d’idées reçues sur la vie dans les cités. Soudain, il se rend compte que ses cours ont un usage pratique lorsque Fatou, une Congolaise vient le remercier car grâce à lui elle peut maintenir lire le plan des transports urbains et sortir de sa cité sans risquer de se perdre. La lecture lui a ouvert les portes de la cité. Elle transporte. Le projet de La Mémoire dans les poches est là, à la dernière page d’Autre chose, dans les cinq cartouches égrenés à la droite des grandes cases larges : « Sortir des ghettos que nous nous forgeons pour découvrir que le monde n’est fait que d’une seule réalité… s’y confronter en oubliant ses peurs et ses a priori… s’enrichir de toutes les différences… en acceptant les autres… sans jamais les mépriser » (Brunschwig, Le Roux, 2007, p.64).

Pour conclure en quelques mots, Étienne Le Roux sait mettre son art au service d’un scénariste, d’une histoire, d’une intention. Il est artisan au sens étymologique du terme. Il est également ‘auctor’, auteur à part entière dans la mesure où son travail fait croître les intentions d’un autre auteur. Il construit du récit par une technique élaborée et influencée par les plus grands maîtres. Il sait ce qu’il doit à Franquin et Jijé dont il faisait et refaisait certaines planches au crayon lorsqu’il était enfant. D’ailleurs, ses personnages ont un peu des dessinateurs : le côté réaliste de Jijé dans les silhouettes, le côté caricatural de Franquin dans les portraits. Toutes les histoires qu’il choisit de raconter en dessins sont des aventures qu’il fait vivre à ses héros. Étienne Le Roux est bien, pour nous, un artisan d’aventures.

            


[1] Journal de bandes dessinées publié entre 1959 et 1989.
[2] Magazine de bandes dessinées publié entre 1970 et 1988.
[3] Magazine de science-fiction créé par Jean-Pierre Dionnet, Philippe Druillet et Moëbius, publié entre 1975 et 1985.
[4] Brunschwig, L. et Le Roux, E. (2007). « Autre chose » In Transports sentimentaux, Blois : La boîte à bulles, Champ libre, p. 59-64.