Les "Petits livres d'or". : des albums pour enfants dans la France de la guerre froide

Editeur : Presses universitaires François-Rabelais
Auteur : Cécile Boulaire

EAN : 9782869064096
Lieu : Tours
Prix : 39 €
Collation : 1 vol. (246 p.) ; ill. en coul. ; 29 cm
Collection : Collection Iconotextes
Note : Bibliogr. p. 239-246 . Bibliogr. p. 239-246
Date de parution : 15/04/2016

Les petits livres d'or : des albums pour enfants dans la France de la guerre froide

En 1949, les éditions Cocorico lancent sur le marché de l’édition pour la jeunesse une collection de petits albums colorés et bon marché qui vont enchanter les enfants du baby-boom : les « Petits Livres d’or », des importations américaines aux couleurs chatoyantes et aux histoires positives et enjouées. Mais qui se cache derrière la société Cocorico ? Quels enjeux porte le livre pour enfants dans la France de la guerre froide, et comment évolue l’édition pour la jeunesse dans ce début des Trente Glorieuses ?

Préface de Jean-Yves Mollier
"Dans ce livre au titre judicieusement choisi, Cécile  Boulaire se propose d’analyser, par le commentaire et par l’image, le rapport entretenu par une collection bien connue, les « Petits Livres d’Or », avec le contexte de la guerre froide. Une des découvertes les plus passionnantes de ce volume, c’est en effet la création des petites « Livres d’Or » français par un agent patenté de la CIA, le Franco-Américain Georges Duplaix, écrivain, artiste, illustrateur, peintre, mais aussi agent secret, comme le prouvent les documents retrouvés dans cette passionnante enquête. Mêlant l’histoire et l’analyse littéraire, le commentaire esthétique et la bibliographie matérielle, l’auteure aide à comprendre pourquoi, en pleine guerre froide, le livre de jeunesse était devenu l’objet d’un combat entre les deux blocs qui se faisaient face. De la même manière que Le Petit Monde de Don Camillo – 1951 pour la traduction française – est considéré aujourd’hui comme la réponse par excellence au concours lancé par le Vatican en 1933 pour récompenser le meilleur roman antibolchévique, de même la collection des « Petits Livre d’Or » évoque-t-elle une Amérique et, plus généralement un monde libre, considérés comme harmonieux. Le génie de Duplaix, si l’on peut s’exprimer ainsi, consiste en effet à avoir compris que l’enfant qui lirait ses albums refuserait toute propagande au premier degré et toute trace d’idéologie Préface de Jean-Yves Mollier partisane. En proposant de les faire pénétrer dans un univers apaisé qui ignore la faim, la soif, le chômage, le sous-développement, dans lequel la ménagère possède toujours un réfrigérateur et une machine à laver, d’où la guerre, la ségrégation, le racisme sont absents, il savait qu’il se donnait les meilleures chances de convaincre les jeunes lecteurs de la supériorité de l’Amérique sur le reste du monde. Persuadé d’avoir raison, il était parvenu à produire les livres que les nazis avaient vainement espéré faire rédiger pour le public français pendant l’Occupation et ce, en faisant appel aux meilleurs dessinateurs et artistes de l’époque et en inventant des formats – des objets-livres – parfaitement adaptés à leur usage. Innovateur de talent, rêvant de peindre un univers dans lequel chaque enfant aurait envie de vivre, Georges Duplaix parvint à ses fins en mariant plusieurs traditions entre elles. Utilisant à la fois le graphisme d’Europe centrale (Rojankovsky) redé- couvert par les Américains, les personnages animés de Walt Disney et les albums du Père Castor de Paul Faucher, il fit de sa collection emblématique une incontestable réussite. Accueillie fraîchement par ceux qui craignaient tout ce qui venait d’Amé- rique et évoquait une société trop laxiste ou trop violente, elle finit par désarmer ses critiques les plus sévères et par s’imposer dans le paysage fran- çais où elle fit école. En tirant tous ces fils avec finesse, et en les dévidant pour le plus grand plaisir du lecteur, Cécile Boulaire signe là un beau et grand livre dont les illustrations se dévorent avec gourmandise. Pour ceux qui se souviennent d’avoir eu entre les mains PoufPatapouf l’éléphant, Notre Ami chien, Le Caneton vagabond ou encore Daniel le docteur et Pierrot et ses avions qui faisaient découvrir aux lecteurs français une Amérique de l’abondance, l’illustration reproduite en couleurs dans ce livre fera l’effet de la madeleine de Proust. Elle fait en effet surgir d’autres images, que le lecteur adulte avait oubliées ou enfouies au plus profond de lui-même et qui, en remontant, à la surface, renforcent son intérêt et le doublent d’une émotion dont on saura gré à l’auteur." 

 


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le 3e chapitre des petits d'or :

 

 


Sommaire
1. Une collection de « grands » livres pour les bambins ? 2. Des récits bien construits 3. Un univers de créateurs exceptionnels 4. Raconter en images 5. Les Little Golden Books, une aventure américaine 6. La création de Cocorico dans un contexte de concurrence 7. Fabriquer des albums dans l’immédiate après-guerre 8. Georges Duplaix, un éditeur transatlantique 9. Rojan au cœur de deux histoires 10. Des albums américains pour les enfants du baby-boom 11. Un accueil contrasté sur fond de guerre froide 12. Georges Duplaix, un homme aux multiples facettes 13. Après les « Petits Livres d’or »

Résumé :
En 1949, les éditions Cocorico lancent sur le marché de l'édition pour la jeunesse une collection de petits albums colorés et bon marché qui vont enchanter les enfants du baby-boom : les Petits Livres d'or, des importations américaines aux couleurs chatoyantes et aux histoires positives et enjouées. Plébiscités par les enfants, les albums connaissent un succès immédiat, et la collection est rapidement imitée par la concurrence. Inaugurant l'usage de l'offset dans l'édition pour la jeunesse, les Petits Livres d'or insufflent à la création d'albums un souffle nouveau. C'est aussi un nouveau circuit économique qu'explore la collection populaire, faisant entrer l'édition française pour la jeunesse dans une logique internationale. L'accueil critique est pourtant contrasté : enthousiaste au lancement de la collection, il est bientôt marqué par l'anti-américanisme d'une partie du monde éducatif. Qui se cache derrière la société Cocorico, et quels rôles jouent respectivement les maisons Flammarion (éditrice des célèbres Albums du Père Castor depuis 1931) et Hachette (l'éditeur de Mickey) dans l'histoire de cette collection Quels enjeux porte le livre pour enfants dans la France de la guerre froide De l'immédiat après-guerre au milieu des années 1960, l'aventure des Petits Livres d'or fait entrer l'édition pour la jeunesse dans une nouvelle ère, de l'artisanat vers la société des loisirs et de la production de masse.