Publié le 30/01/2019

Tanguy Viel, Icebergs #2 "Dans les abysses" : la lecture

Jusqu'alors romancier, Tanguy Viel se lance aujourd’hui dans un travail plus réflexif sur la littérature. La lecture par l’auteur de ces textes inédits, nous offre l'occasion de suivre “en direct” les différents volets d'une grande enquête en cours.

La deuxième lecture s'est déroulée le mardi 17 février à la librairie Les Temps Modernes (Orléans). Pour celles et ceux qui n'ont pu être présents ou qui souhaitent s’y replonger, nous proposons à l'écoute la lecture du texte Icebergs #2 "Dans les abysses". 

Nous avions quitté Tanguy Viel, à l'issue de sa “Vie aquatique”, séance inaugurale de ce cycle de lectures, en compagnie de Paul Valéry, face à l'incendie d'un magnifique trois-mâts, dont l'épave était coulée pour rejoindre les hauts-fonds. “En matière abyssale, nous en savons peu sur la vie des gouffres”, pose-t-il en introduction de cette deuxième promenade, qui, en scaphandrier de l’âme humaine, le voit s’intéresser aux diaristes les plus extrêmes et incontrôlables, les Henri-Frédéric Amiel ou Robert Shields, postés “dans cette mince plage qui sépare l'écriture de l'œuvre” (Roland Barthes). La mélancolie, problème littéraire récurrent et insoluble, qui l’a occupé déjà un moment, nous raconte-t-il, est aussi ce qui le travaille en parcourant la maison de Descartes (après avoir visité celle de Montaigne lors de sa première promenade). Il s’agit encore, toujours, de se questionner, lucide et souriant face aux gouffres avec lesquels Henri Michaux (comme Antonin Artaud) tenta de faire connaissance.

Tanguy Viel, écrivain, est né à Brest en 1973. Il a publié son premier roman, Le Black Note, en 1998 aux Éditions de Minuit. En 2003, il est lauréat de la Villa Médicis et passe un an à Rome avant de venir s'installer près d'Orléans où il vit aujourd'hui. Derniers ouvrages parus : Insoupçonnable, roman, Éditions de Minuit, 2006 ; Paris-Brest, roman, Éditions de Minuit, 2009 ; Cet homme-là, récit, Éditions Desclée de Brouwer, 2009 ; Hitchcock, par exemple, récit, Naïve, 2010 ; La disparition de Jim Sullivan, roman, Éditions de Minuit, 2013.

 “Icebergs est une série de réflexions sur l'écriture, de promenades dans les allées d'une pensée qui tourne et vire, une pensée à vrai dire obsédée par les formes qu'elle peut prendre dont, justement, l'écriture. Cette pensée inquiète se demande surtout comment les autres, tous les autres, ont fait avant elle. Alors elle enquête, elle arpente les rayons des bibliothèques, elle se promène sur internet, elle se renseigne sur la vie des écrivains, elle visite leurs maisons, elle entreprend des voyages, elle regarde des films, elle s'assoit sur un banc – autant de manières pour elle de résoudre l'énigme de son expression rêvée. Mais à force d'ainsi bouger sans cesse, la pensée en question semble à son hôte un monde vraiment instable et sans bords définis. Aussi est-il nécessaire, dans cette plaine liquide, qu'émergent et cristallisent des blocs, parties visibles et flottantes, certes encore à la dérive, mais assez endurcis pour être présentés. De ce point de vue, proposer un rendez-vous mensuel en un lieu qui puisse en accueillir la lecture est une manière pour moi de donner forme à ce qui sans cela risque toujours de se perdre dans l'indéfini.” Tanguy Viel