Publié le 28/11/2016

À l'écoute, in extremis #5 : lecture de Pierre Senges

Avec son projet de création in extremis, Pierre Senges réinvente les derniers jours de six grandes figures du patrimoine littéraire de la région Centre-Val de Loire.

La lecture s'est déroulée le 18 septembre à l’Espace Saint-Simon, à l’occasion de la 10e édition de la Fête des Livres de la Ferté-Vidame (28).

Ciclic propose à celles et ceux qui n'ont pu être présents ou qui souhaitent s'y replonger, le texte in extremis #5Les derniers jours de Louis de Saint-Simon, en écoute et en téléchargement.. 

Ce cinquième récit met en scène Louis de Saint-Simon qui aimerait bien se dédoubler pour s’observer face à la mort et être à la fois « le vieux duc agonisant », « le témoin de l’agonie », « l’homme de cour Saint-Simon » et « le mémorialiste penché sur la dernière des deux mille sept cents pages de ses Mémoires », hélas sans succès. Pierre Senges emmène le lecteur au cœur de la Cour et du quotidien de ceux qui la côtoient, marquis, duchesses, chevaliers, comtesses, barons et nobles en tous genres. Il est aussi question de fèves au lard, de quinquina et de lait d’ânesse et l’on croisera tour à tour des « jésuites hypocrites », des « médecins rongés de maladies qu’ils ignorent », des favoris et des favorites et des « vieux pairs de France dépassés par tant d’événements », gravitant tout autour du duc qui restera digne et modeste jusqu’au bout.

Pierre Senges est l'auteur de plusieurs romans et récits, parus principalement aux éditions Verticales. Certains ouvrages ont été écrits en collaboration avec des dessinateurs, comme Géométrie dans la poussière (avec Killoffer, 2004) ou Les Carnets de Gordon McGuffin (avec Nicolas de Crécy, Futuropolis, 2009). Son dernier roman, Achab (séquelles), édité chez Verticales en 2015, a reçu le Prix Wepler. Il est également l'auteur de nombreuses fictions radiophoniques pour France Culture, France Musique et France Inter, a adapté le Ring de Richard Wagner pour le jeune public et a écrit pour le compositeur Francesco Filidei le livret de Opera (forse), interprété par l’ensemble 2E2M à Rome en 2013 à l’occasion d’une résidence à la Villa Médicis. 

"Dans Les derniers jours d'Emmanuel Kant, Thomas de Quincey choisit de portraiturer le philosophe au cours de ses derniers instants, comme il choisirait le crépuscule pour la qualité de sa lumière, douce et de courte durée. Une lumière trompeuse peut-être, mais d'un genre de tromperie incitant précisément Thomas de Quincey à combiner dans les pages de son livre les éléments de l'historien et ceux du conteur, lecteur de fables et des comédies de Shakespeare. Comme Shakespeare, d'ailleurs, ou Marcel Schwob plus tard, de Quincey peut s'attacher à une existence singulière et lui emboîter le pas s'il sait pouvoir se tenir à des détails, en plus de la longue trame officielle des biographes, des mémoires, des chroniques ou de l'état civil. Quand les derniers jours adviennent, les grands héros de la littérature ont terminé leur oeuvre, ou presque, ils ont rangé les écritoires, ils ne font plus mine d'en découdre; vient alors le moment ou le détail peut prendre toute sa place, et s'octroyer une importance anecdotique qu'il n'avait jamais eu jusque-là." Pierre Senges