Publié le 28/11/2016

À l'écoute, in extremis #6 : lecture de Pierre Senges

Avec son projet de création in extremis, Pierre Senges réinvente les derniers jours de six grandes figures du patrimoine littéraire de la région Centre-Val de Loire.

La lecture du sixième et dernier opus de la série "in extremis" s'est déroulée le 18 octobre au Domaine de Nohant-Vic (36), où George Sand a passé une grande partie de sa vie. Ciclic propose à celles et ceux qui n'ont pu être présents ou qui souhaitent s'y replonger, le texte in extremis #6Les derniers jours de George Sand, en écoute et en téléchargement.

Dans ce texte qui clôture la série des derniers jours réinventés de six grandes figures littéraires, nous assistons à ceux d’une femme, Aurore Dupin, devenue George Sand en se débarrassant « du « s » de son prénom pour marquer dans les lettres, chez elle et pour elle, une distinction de plus, après tant d’autres ». Le lecteur est transporté dans le décor du domaine de Nohant : on y attend l’été, on lit et on écrit à tour de bras, on redoute la guerre, on claque les portes, et on fait de longs repas dans cette grande maison « où  l’on peut perdre de vue la moitié de sa famille pendant des heures ». Les derniers moments de la vie de George Sand, « grand fleuve d’Amérique » à la longévité remarquable, sont rythmés par la douleur, la maladie et les visites des médecins mais aussi par les spectacles de marionnettes, la commedia à l’italienne, les jeux et une longue série d’hommages à cette grande dame du XIXe siècle. 

Pierre Senges est l'auteur de plusieurs romans et récits, parus principalement aux éditions Verticales. Certains ouvrages ont été écrits en collaboration avec des dessinateurs, comme Géométrie dans la poussière (avec Killoffer, 2004) ou Les Carnets de Gordon McGuffin (avec Nicolas de Crécy, Futuropolis, 2009). Son dernier roman, Achab (séquelles), édité chez Verticales en 2015, a reçu le Prix Wepler. Il est également l'auteur de nombreuses fictions radiophoniques pour France Culture, France Musique et France Inter, a adapté le Ring de Richard Wagner pour le jeune public et a écrit pour le compositeur Francesco Filidei le livret de Opera (forse), interprété par l’ensemble 2E2M à Rome en 2013 à l’occasion d’une résidence à la Villa Médicis. 

 

"Dans Les derniers jours d'Emmanuel Kant, Thomas de Quincey choisit de portraiturer le philosophe au cours de ses derniers instants, comme il choisirait le crépuscule pour la qualité de sa lumière, douce et de courte durée. Une lumière trompeuse peut-être, mais d'un genre de tromperie incitant précisément Thomas de Quincey à combiner dans les pages de son livre les éléments de l'historien et ceux du conteur, lecteur de fables et des comédies de Shakespeare. Comme Shakespeare, d'ailleurs, ou Marcel Schwob plus tard, de Quincey peut s'attacher à une existence singulière et lui emboîter le pas s'il sait pouvoir se tenir à des détails, en plus de la longue trame officielle des biographes, des mémoires, des chroniques ou de l'état civil. Quand les derniers jours adviennent, les grands héros de la littérature ont terminé leur oeuvre, ou presque, ils ont rangé les écritoires, ils ne font plus mine d'en découdre; vient alors le moment ou le détail peut prendre toute sa place, et s'octroyer une importance anecdotique qu'il n'avait jamais eu jusque-là." Pierre Senges