À l'écoute, in extremis #2 : lecture de Pierre Senges

Avec son projet de création in extremis, Pierre Senges réinvente les derniers jours de six grandes figures du patrimoine littéraire de la région Centre-Val de Loire.

La deuxième lecture s'est déroulée le dimanche 19 juin au Musée Rabelais à La Devinière (Seuilly-37). Ciclic propose à celles et ceux qui n'ont pu être présents ou qui souhaitent s'y replonger, le texte in extremis #2Les derniers jours de François Rabelais, en écoute et en téléchargement. 

Pour cette lecture et deuxième volet de six fictions s'inspirant librement de Thomas de Quincey et des Derniers jours d'Emmanuel Kant, il est à la fois question de Rome et de Chinon, de Léonard de Vinci et de Casanova, de Dante et de Sénèque. Nous apprenons que Rabelais affectionne les inventaires et les catalogues interminables, qu'il apprécie "les préludes à des discours exagérément longs" et qu'il a "le sens des cérémonies passant par un dictionnaire".

Pierre Senges se plaît ainsi à dérouler joyeusement dans son texte de longues listes à grand renfort de détails, en égrénant les nombreux signes de vieillesse de Rabelais au seuil de la mort et en cherchant à deviner ses ultimes pensées, avant de le laisser "rejoindre le Grand Peut-être". 

Pierre Senges est l'auteur de plusieurs romans et récits, parus principalement aux éditions Verticales. Certains ouvrages ont été écrits en collaboration avec des dessinateurs, comme Géométrie dans la poussière (avec Killoffer, 2004) ou Les Carnets de Gordon McGuffin (avec Nicolas de Crécy, Futuropolis, 2009). Son dernier roman, Achab (séquelles), édité chez Verticales en 2015, a reçu le Prix Wepler. Il est également l'auteur de nombreuses fictions radiophoniques pour France Culture, France Musique et France Inter, a adapté le Ring de Richard Wagner pour le jeune public et a écrit pour le compositeur Francesco Filidei le livret de Opera (forse), interprété par l’ensemble 2E2M à Rome en 2013 à l’occasion d’une résidence à la Villa Médicis. 

"Dans Les derniers jours d'Emmanuel Kant, Thomas de Quincey choisit de portraiturer le philosophe au cours de ses derniers instants, comme il choisirait le crépuscule pour la qualité de sa lumière, douce et de courte durée. Une lumière trompeuse peut-être, mais d'un genre de tromperie incitant précisément Thomas de Quincey à combiner dans les pages de son livre les éléments de l'historien et ceux du conteur, lecteur de fables et des comédies de Shakespeare. Comme Shakespeare, d'ailleurs, ou Marcel Schwob plus tard, de Quincey peut s'attacher à une existence singulière et lui emboîter le pas s'il sait pouvoir se tenir à des détails, en plus de la longue trame officielle des biographes, des mémoires, des chroniques ou de l'état civil. Quand les derniers jours adviennent, les grands héros de la littérature ont terminé leur oeuvre, ou presque, ils ont rangé les écritoires, ils ne font plus mine d'en découdre; vient alors le moment ou le détail peut prendre toute sa place, et s'octroyer une importance anecdotique qu'il n'avait jamais eu jusque-là." Pierre Senges