Publié le 28/11/2016

À l'écoute, in extremis #1, lecture de Pierre Senges

Avec son projet de création in extremis, Pierre Senges réinvente les derniers jours de six grandes figures du patrimoine littéraire de la région Centre-Val de Loire.

La première lecture s'est déroulée le dimanche 3 avril au Prieuré Saint-Cosme de La Riche. Ciclic propose à celles et ceux qui n'ont pu être présents ou qui souhaitent s'y replonger, le texte in extremis #1Les derniers jours de Pierre de Ronsard, en écoute et en téléchargement. 

Durant cette lecture et premier volet de six fictions s'inspirant librement de Thomas de Quincey, nous découvrons que Ronsard "a connu plusieurs variétés de morts" et en quelles circonstances elles surviennent, l'une après l'autre. Il est aussi question d'Emmanuel Kant, de voyage, petit ou grand, immobile ou en mouvement, de la place qu'occupent les diminutifs au sein de la langue française, d'agonie et de dépouillement.

À travers ces instants ultimes à la fois routiniers et solennels, Pierre Senges s'amuse à nous dépeindre Pierre de Ronsard sous différents angles: "Ronsard le très âgé, le très fatigué, Ronsard le fragile" mais aussi "Ronsard des Amours, Ronsard de la bibliothèque et de la cour, Ronsard de la langue française et de la couleur vermeille (...)". Une façon pour l'auteur de jouer "avec les détails triviaux et privés" de la vie d'un grand écrivain, sur le "contraste comique entre ces détails et ce que les derniers jours peuvent avoir d’emphatique ou de métaphysique".

Pierre Senges est l'auteur de plusieurs romans et récits, parus principalement aux éditions Verticales. Certains ouvrages ont été écrits en collaboration avec des dessinateurs, comme Géométrie dans la poussière (avec Killoffer, 2004) ou Les Carnets de Gordon McGuffin (avec Nicolas de Crécy, Futuropolis, 2009). Son dernier roman, Achab (séquelles), édité chez Verticales en 2015, a reçu le Prix Wepler. Il est également l'auteur de nombreuses fictions radiophoniques pour France Culture, France Musique et France Inter, a adapté le Ring de Richard Wagner pour le jeune public et a écrit pour le compositeur Francesco Filidei le livret de Opera (forse), interprété par l’ensemble 2E2M à Rome en 2013 à l’occasion d’une résidence à la Villa Médicis. 


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"Dans Les derniers jours d'Emmanuel Kant, Thomas de Quincey choisit de portraiturer le philosophe au cours de ses derniers instants, comme il choisirait le crépuscule pour la qualité de sa lumière, douce et de courte durée. Une lumière trompeuse peut-être, mais d'un genre de tromperie incitant précisément Thomas de Quincey à combiner dans les pages de son livre les éléments de l'historien et ceux du conteur, lecteur de fables et des comédies de Shakespeare. Comme Shakespeare, d'ailleurs, ou Marcel Schwob plus tard, de Quincey peut s'attacher à une existence singulière et lui emboîter le pas s'il sait pouvoir se tenir à des détails, en plus de la longue trame officielle des biographes, des mémoires, des chroniques ou de l'état civil. Quand les derniers jours adviennent, les grands héros de la littérature ont terminé leur oeuvre, ou presque, ils ont rangé les écritoires, ils ne font plus mine d'en découdre; vient alors le moment ou le détail peut prendre toute sa place, et s'octroyer une importance anecdotique qu'il n'avait jamais eu jusque-là." Pierre Senges