Mathieu Larnaudie, séjour littéraire au Musée Rabelais (Seuilly 37)

Souhaitant faire dialoguer les lieux dédiés à la mémoire d'écrivains avec les auteurs d'aujourd'hui, Ciclic et le Conseil départemental d'Indre-et-Loire ont imaginé des séjours d'auteurs dans les maisons d'écrivain. C'est dans ce cadre que Mathieu Larnaudie est accueilli pendant 6 jours au Musée Rabelais, Maison de la Devinière.

Dans un premier temps, Mathieu Larnaudie a pu bénéficier d'un accueil privilégié et d'un accès aux documents patrimoniaux. Cette matière, ces informations, lui permettront de proposer un court texte inspiré d'un détail de la vie de Rabelais ou de son œuvre, qui symbolise le mieux sa relation à cet auteur. Il reviendra donc au mois de janvier 2016 pour proposer une lecture de ce texte et rencontrer des élèves du lycée de Chinon, lors de différents rendez-vous, lectures-rencontres autour de son œuvre et de la question de l'utopie.

"Au nom de François Rabelais, cardinal pour la littérature et, plus largement, pour les cultures française et européenne, se rattache une sorte de polysémie dont les ramifications sont solidement enracinées dans l’imaginaire collectif.

Rabelaisiens, bien sûr, un certain esprit de l’abondance, de l’ivresse, du rire, et le mode de vie qui s’en réclamerait ; rabelaisienne une certaine littérature qui fait de l’invention verbale et fictionnelle, d’un sens affirmé de l’excès, son credo ; rabelaisienne, aussi, une philosophie du gai savoir qui compte parmi ce que la pensée humaniste du 16e siècle a produit de plus haut. Cette pensée n’est pas exempte d’une critique assumée de son temps : c’est même au nom d’une critique des institutions publiques, des préjugés moraux, sociaux, religieux, de la guerre enfin, qu’elle prend toute sa force.

Or, dans l’histoire de la littérature et de la philosophie modernes, le genre qui se situe à l’intersection de la réflexion critique, de l’invention politique et de la littérature a un nom : l’utopie. Ce non-lieu, d’après son étymologie, figure, dans les faits, l’endroit où les écrivains, les penseurs, mettent en scène (et à l’épreuve) leur conception d’une vie meilleure.Chacun connaît, bien sûr, la bannière sous laquelle Rabelais a placé sa propre utopie, cette abbaye de Thélème qui est l’un des foyers de son œuvre : « Fay ce que vouldras ».

C’est au personnage à qui cette abbaye est offerte, Frère Jean des Entommeures, que je voudrais m’intéresser plus particulièrement lors de mon séjour à la Devinière (et au fil de ma relecture de Rabelais). Une fois Thélème créée, Frère Jean disparaît. Aurait-il pour autant, comme il est courant de dire que le monde l’a fait en notre actuel vingt-et-unième siècle, tourné le dos à l’utopie ? "

Mathieu Larnaudie

Ciclic vous propose ici un bref entretien vidéo réalisé lors de son premier séjour, du 20 au 22 septembre 2015 :

 

Né en 1977, Mathieu Larnaudie est écrivain. Il vit et travaille à Paris. Depuis 2004, il codirige les éditions Inculte. Il a aussi dirigé une collection consacrée au thème des utopies, Le Répertoire des îles, aux éditions Burozoïque. Il a pris part à de nombreux ouvrages collectifs, parmi lesquels le roman Une chic fille, les volumes de réflexion sur la littérature Devenirs du roman 1 et 2, ou les monographies Face à Lamarche-Vadel et Face à Sebald.

Bibliographie :

  • Habitations simultanées, éditions Farrago-Léo Scheer, 2002
  • Pôle de résidence momentanée, éditions Les petits matins, 2007
  • Strangulation, éditions Gallimard, 2008
  • La Constituante piratesque, collection « Le répertoire des îles », éditions Burozoïque, 2009
  • Les Effondrés, éditions Actes Sud, 2010 (repris en Babel, 2013)
  • Acharnement, éditions Actes Sud, 2012
  • Notre désir est sans remède, éditions Actes Sud, 2015

Les rendez-vous :

  • Dimanche 31 janvier, 15h : rencontre publique au musée Rabelais. Mathieu Larnaudie lira son texte sur Rabelais écrit suite au séjour.
  • Lundi 1er février, 10h30 : rencontre avec les lycéens au lycée Rabelais. Mathieu Larnaudie lira aux lycéens son travail d’écriture et un débat autour de l’utopie et son rapport à l’écriture aura lieu.