Journal de "Situer", acte V : Chinonais

25 mars

Le temps passe à toute vitesse, à cause des vacances scolaires, mais aussi d’une nouvelle semaine en Brenne pour des ateliers d’écriture au lycée (ce qui a permis de revisiter le paysage et, qui sait, d’écrire de nouvelles fictions, puis un petit retour à Gênes, où il a encore été question de Centre, puisqu’on a terminé le premier jet du texte pour les Inaperçus, voilà qu’on revient, tranquillement, lundi 25 mars, de Tours à Chinon.

Le temps est clément et frisquet, mais il y a la lumière. Entre-temps les fleurs sont sorties, toutes les annuelles (becs de cigogne, dames d’onze heure, pissenlits, draves printanières, miboras nains…) sont présentes, non que les nombreux prunelliers, les quelques ajoncs, et même les chênes feuillent (c’était pas autant il me semble dans le sud).

Je retrouve Alain Lecomte à la Devinière (Seuilly). Nous avons rendez-vous avec Lény Boulay (du département) et David Morel (du syndicat des eaux) pour parler du et visiter le marais de Taligny, ce que nous faisons, donc

Nous avons ensuite rendez-vous avec Eric Sentier à Ligré, pour parler de Chinon, l’appellation. Il est vrai que c’est l’endroit idéal pour parler vin sur toute la région peut-être. Nous discutons d’abord au chai, puis nous rendons sur le domaine, au Saut au Loup, qui donne son nom à deux cuvées. Étonnant mouchoir de poche, abrité par une grande forêt de pin (maritimes !), sur différents sols mais d’où pointent callunes, châtaigniers, et bien sûr un arlequin de parcelles de vignes (chenin, cabernet franc).

 

26 mars

Je travaille tout le matin, et mange vite dans le centre de la ville, où j’achète un nouveau carnet (le numéro 45). Puis me rends au lycée pour un atelier d’écriture, prévu depuis ma visite de janvier. Le soleil s’est maintenant affirmé. L’atelier, très dense et trop rapide, se passe très bien (j’essaie de tirer de leurs impressions des éléments du territoire : je leur demande par exemple où ils sont nés (et c'est intéressant ; j'avais fait pareil au Blanc).

L’après-midi je rencontre avec Alain le maire de Seuilly, chez lui, Thierry Deguingand.

Le soir il y a déjà la rencontre publique… évidemment c’est un peu court (jeune homme), mais l’ambiance est bonne, et s’il n’y a pas grand monde, au moins avons-nous l’occasion de discuter du fond des choses. Le bar qui nous reçoit est très grand, de belle facture et chargé de menuiseries, et les propriétaires participent volontiers à la discussion.

 

27 mars

J’ai, comme les enfants, quartier libre. Ma logeuse, Micheline, me donne des pistes.

C’est une très belle journée, froide mais éclatante.

Je visite donc la microrégion du Véron, qui se trouve encastrée entre la Vienne et la Loire. Je visite ainsi les Caves aux fièvres (Beaumont-en-Véron), dédale de galeries pour l’extraction de tuffeau. Puis je reviens vers un pont par le chemin qui longe la Vienne (la Giraudière), pour de nouveaux paysages, alluviaux cette fois, d’une rare intensité. Je débusque un dolmen et les feuilles de fritillaire, pas encore fleurie.

J’arrive ensuite à Candes-Saint-Martin, un autre petit chef d’œuvre d’architecture ; là je monte au panorama ce qui me permet de faire un petit inventaire malacologique, le premier depuis que je suis dans la région, avec pas mal d’espèce, dont deux que je n’ai jamais vues : Cinctella limbata et Chilostoma squamatum, puis enchaîne sur Montsoreau (et son incroyable château en bord de Vienne), puis l’abbaye de Fontevraud (Fontevraud-l’Abbaye), mais là nous sommes en Maine-et-Loire (et Pays de la Loire) !

 

28 mars

Je profite de cette dernière matinée pour visiter plus amplement Chinon. Mais quelle ville, quel joyau !

Je file alors pour essayer de saisir l’imbrication des bocages, d’abord vers Richelieu (quelle ville !), puis Loches (quelle ville !) via Sainte-Maure-de-Touraine. Puis je rentre à Tours (et je me perds encore entre Saint-Pierre et Joué) par les petits chemins : Azay-sur-Indre, Chambourg-sur-Indre, Cigogne et Athée-sur-Cher. L’élément eau sera finalement très marquant sur ce derniers séjour.

Je laisse la voiture et prends le train pour une nouvelle ville encore, Châteauroux, où me retrouve Emmanuel Chevalier pour la dernière séance de l’atelier qui se déroule le lendemain, au Blanc, en Brenne donc. J’y resterai même le samedi, avec le plaisir de visiter également Saint-Savin, Chauvigny et Angles-sur-Anglin. Je rentre à Paris via Châteaudun.