Journal de "Situer", acte III : Val de Loire tourangeau

21 janvier   

Cette résidence est surprenante. Alors que je rédige le journal, que je peaufine la mésologie et l’habitat paysan, et que nous réfléchissons toujours plus à la forme que prendra la restitution, Yann m’informe que je suis invité à France 3 CVDL pour une émission sur mon travail ici. Rendez-vous donc à Orléans, avant la semaine tourangelle…

Je prends donc le train pour Orléans et j’en profite pour caler un rendez-vous avec ma collègue d’Ecogée, Nathalie. Je me rends en tram sur les ronds-points des zones, et je me soumets à cette joyeuse équipe et à ce petit cirque inutile et inoffensif.

Avec Nathalie nous nous promenons dans Orléans qui me frappe par sa beauté et son élégance (la Loire ! La rue royale !). Mais aussi sa froideur replète.

Je me rends à Tours le soir, en perdant le train prévu. Je suis vanné.

Le pOlau dispose d’un appartement géant et très pratique, l’équipe (Maud Le Floch, Pascal Feren, Anabelle Royer) est aux petits oignons. Le site, aux alentours, Saint-Pierre des Corps, est terrible.

 

22 janvier

Vincent Guidault, du Prieuré Saint-Cosme à Riche, vient pour me rencontrer, et après quelques échanges nous décidons d’aller visiter le prieuré. Là encore, sous la pluie et la neige fondue, de bien belles découvertes, dont la collection des livres pauvres, dont nous parlons. J’ai la chance de voir les vitraux lumière et noir de Zao Wou-ki et la maison de Ronsard. Nous parlons encore des arbres, de la Loire et de la Garde-Adhémar. Nous rentrons manger au pOlau, en passant par le quartier des Rives-Du-Cher. L’après-midi je fais un tour à Rochecorbon (étonné par les maisons troglodytiques) pour finalement visiter plusieurs espaces de la Gâtine tourangelle ; j’arrive encore devant des panneaux d’interdiction militaires à l’aéroport de et je me perds un peu vers Monnaie, Chanceaux-sur-Choisille et Notre-Dame-d’Oé.

 

23 janvier

J’ai d’abord rendez-vous à Tours (vers la Cathédrale) avec Jérôme Huet de l’Agence départementale du tourisme ; l’entretien est riche et convivial et je ressors avec de nouvelles précisions sur les espaces naturels ainsi que la politique touristique. Je retrouve alors Yann et Alain Lecomte pour échanger sur le séjour à Chinon et l’interaction avec les élèves du lycée. Yann me fait une visite de l’autre partie du centre historique (vers la place Plumereau). Nous nous arrêtons à l’excellente librairie Le Livre, où je trouve le livre de Maria Zambrano, Les clairières du bois, dont m’avait parlé Nicole le week-end précédent (je dois faire une improvisation avec elle le samedi suivant à Paris, sur l’invitation de Mathilde Roux et Philippe Aigrain). La ville de Tours est belle et élégante, je commence à saisir son agencement (me frappe la forme en croix que forme l'intersection les boulevards Béranger et Heurtebise avec la rue Nationale et l'avenue Grammont). Le soir j’ai rendez-vous avec Frédérique Breuil pour parler d’un projet de récit aux éditions Les Inaperçus.

 

24 janvier

Au matin du 24, nous convenons avec Pascal Ferren, directeur adjoint du pOlau et fin connaisseur du territoire, de faire une visite ensemble de la confluence du Cher et de la Loire, vers Savonnières et Berthenay. Nous allons marcher sur les rives du fleuve, où je parviens à me casser la gueule, à deux doigts d’y tomber. La force de ces fleuves, par rapport à nos rivières méridionales, est tout de même impressionnante. Retournant à la voiture, nous surprenons une harde de sangliers qui à notre vue se précipitent dans les fourrés de saules. J’ai à peine vu leurs ombres mais Pascal est très surpris.

Nous avons ensuite rendez-vous avec Jean-Luc Porhel aux Archives, et, là encore, c’est un nouvel éclairage qui s’offre à moi, et une fois encore, c’est l’aspect urbain qui ressort. Nous parlons de l’aménagement de la ville depuis la guerre, du maire Royer, de la cité Sanitas, et des piscines et baignades qui avaient lieu à l’époque, des îles, de l'île Simon et de l'île Aucard.

De retour au pOlau, je rencontre encore Eric Boulay du CAUE, et c’est un long et intéressant échange qui me permet de préciser les liens entre nature, paysage et occupation humaine.

Après-midi, nouveau tour en voiture, d’abord vers Bréhémont et Langeais, puis Cinq-Mars-la-Pile, où m’épate cette longue et étroite tour romaine, puis du côté de l’ENS du val de Choisille et, comme je passe à Saint-Cyr-sur-Loire, je me demande si je ne vais pas appeler François Bon… mais je me dis que je n’ai pas le temps... Je me consacre, l’après-midi à diverses recherches et aux quelques lignes qui servent désormais comme à chaque fois d’introduction à ma prestation de fin de semaine. Ainsi le soir, une vingtaine de personnes viennent échanger avec moi sur l’existence de quelque chose comme une région naturelle, et quelque chose comme le ‘val de Loire tourangeau’. La rencontre est très riche et enrichissante et je crois que je commence à saisir à la fois le sujet et une forme pour l’exprimer.

Le lendemain je dois rentrer à Paris pour le festival Secunda, et je tombe, à ma place, dans mon wagon, sur... François Bon avec qui je ferai donc le voyage… et résumerai près de dix ou quinze ans d'échanges rares en une dense capsule féroviaire.