Journal de "Situer", acte IV : Perche

28 janvier  

Le week-end, marqué par le festival Secunda, passe comme une flèche, puis je reprends la route le lundi, cette fois pour une nouvelle petite encoche, avant le Perche, par Chinon. En effet, j’ai l’opportunité de présenter mon travail au lycée Rabelais avec Alain Lecomte. La rencontre est une nouvelle fois intéressante, comme souvent avec les lycées ; l’après-midi, Alain me fait visiter, de manière très précise, érudite et dense, une partie du territoire : nous visitions les grottes-caves de Cravant-les-Côteaux, de Panzoult, l’étonnante église de la Roche-Clermaut, puis finalement la Devinière à Seuilly. Il fait beau et c’est très agréable. On conçoit que de tels paysages, doux et calmes, amènent l’écriture. Il faut noter que nous sommes ici dans la vallée de la Vienne...

Je pourrais d’ailleurs presque écrire ma fiction après cette journée ! Je réside en plein cœur de Chinon dans une belle maison qui fait gîte.

 

29 janvier

Le matin du 29, je prends donc la route pour le Perche, qui me fait traverser la Loire, frôler Tours, mais également passer par la vallée du Loir, par Trôo, puis, plus loin, je reste stupéfait par le château de Lavardin. La pluie est de plus en plus forte, il fait froid et la neige est annoncée.

Le paysage se fait plus rural, bucolique même, et le temps se dégrade. Une tout autre ambiance alors, par rapport aux trois précédentes excursions. A Saint-Agil (aujourd’hui devenu Couëtron-au-Perche) je retrouve Florent Violante de l’Echalier, par l’entremise de la bibliothèque-poste, seul signe de vie apparent. Nous mangeons finalement chez lui, où nous échangeons longuement sur le territoire, la vie locale, la nouvelle commune, etc.

Je séjournerai à nouveau dans un gîte, à Mondoubleau, petite capitale locale, où m’accueillent très efficacement Alain et Isabelle. L’après-midi je fais un tour dans le pays pour tenter d’en saisir le territoire. Pas toujours facile. Il y a un autre auteur, Emmanuel Volant, venu pour le salon du livre jeunesse que cette petite commune et l’Echalier organisent (de fait Florent est très pris par l’évènement). Le soir lui et moi fumons une cigarette dehors, il neige de gros flocons.

30 janvier

Alain me donne le numéro de Dominique Mansion, l’illustrateur célèbre qui habite non loin et qu’ici tout le monde connaît. Nous convenons d’un rendez-vous chez lui à Boursay et je m’y rends donc. La neige n’a pas tenu. Comme je l’imaginais, nous sympathisons sur le champ et nous faisons une longue visite des lieux, le village, le sentier des trognes et la maison botanique. Nous appelons notre ami commun Luc Garraud, qui est très ému de cet appel inopiné. Je reste coi devant la qualité du travail de Dominique, les planches d’herbier de la flore forestière, mais aussi les agencements de couverts transformés, ou tout le travail de plessage et de trognage, qui sont les spécialités locales.

Après la rencontre, je décide d’aller visiter Nogent-le-Retrou et la Ferté-Bernard, dont les noms ne me sont pas inconnus mais qui sont proprement des découvertes.

 

31 janvier

Le temps ne s’arrange guère. S’il ne neige plus, il pleut en continu. Je rencontre au matin l’équipe de Perche-Nature avec qui je partage les éléments familiers de naturalisme et d’éducation populaire à environnement.

Comme j’ai un peu de temps, je décide finalement de me rendre dans une autre ville que je ne connais pas, Vendôme, encore une élégante petite cité (qui d'après Ziégerman se trouve plutôt à la frontière de la Beauce, tout comme Châteaudun). Je mange dans un routier, à la table de plusieurs commerciaux. Au retour je me rends aux carrières de roussard de la Mutte, à Sargé-sur-Braye, également ENS. Mais le temps est exécrable et me contraint à rentrer ; j’écris mes lignes de présentations habituelles et le soir Yann me retrouve avec une quinzaine de personnes pour un nouveau et très enrichissant échange dans la belle salle de l’Echalier.

Je rentrerais le lendemain par de nouveaux espaces, et laisserai à nouveau la voiture à Tours et reviendrai exténué de deux semaines de déplacements et rencontres qui doivent maintenant tranquillement décanter.