Journal de "Situer", acte II : Champagne berrichonne

5 décembre  

Avant de revenir à Tours, la semaine avant, je fais un séjour professionnel en Champagne (non berrichonne) et on constate encore une fois la forte mobilisation des gilets jaunes. Rendez-vous à TroyesChâlons et Charleville. Longue discussion avec la DREAL dans la voiture à l’aller et au retour.

J’arrive à Tours, donc, en meilleure forme ; je retrouve donc Isabelle et la laisse encore sans café car cette fois je dois me rendre à Bourges. Je retrouve donc l’hôte de la semaine, Frédéric Terrier, directement à son atelier de typographie et nous allons, avec deux stagiaires qu’il avait, retrouver nos autres interlocuteurs, Etienne Gangneron de la FDSEA et Anna Moirin de la mairie en charge du patrimoine au restaurant.

Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que le séjour sera plus centré sur la ville que sur la campagne (même si j’ai également rendez-vous à Noirlac).

Cette première étape se passe très bien et je m’immerge peu à peu dans les réalités du territoire, décrit par ces personnes ressources. La Champagne berrichonne existe-t-elle réellement ? Ils doivent me répondre, et c’est une excellente analyse, très complète, qu’il me livrent au débotté, avec exemples circonstanciés à l’appui. On parle également du Pays Fort et du Boischaut Sud, les ressemblances, les différences.

Je décide de passer l’après-midi à Bourges, que je découvre avec plaisir, je visite la cathédrale puis la maison Jacques Cœur, figure qui me semble devoir figurer dans ma fiction. Tout le quartier Bourbonnoux me fascine et je suis bien content de cette visite. Je retrouve Frédéric en soirée et nous mangeons avec une de ses amies illustratrice, Clémence.

 

6 décembre

Au matin, j’ai rendez-vous avec Ludovic Bernachot, de la ville, en charge des arbres et jardins. Nous faisons alors un grand tour (où je ne comprends rien des détours et des raccourcis), pour voir les jardins de Vezelay, écrits par Gilles Clément, puis par la collection de pélargonium, absolument bluffante (on y rencontre la conservatrice en chef et ses collègues) et enfin le marais, un ensemble complexe et fascinant toujours de canaux occupés par les jardins privatifs.

Je demande à Ludovic (bourguignon) s’il connaît un restaurant avec des spécialités et il me parle de la cantine berrichonne. Qui hélas, quand nous y arrivons, n’existe plus.

Encore une fois, comme dans la Brenne, le scénario du resto se répète, viande, frites. Il y a toutefois les couilles d’âne, œuf meurettes locaux.

Dans ce séjour je n’ai pas été assez malin pour dégoter les galettes de patate qu’on trouve pourtant chez les boulangers. Je devrais donc y retourner.

Je me rends ensuite l’après midi dans les paysages du Pays Fort, chanté par Etienne la veille, et effectivement je trouve une nouvelle région naturelle, vallée baignée du soleil couchant (ThouOizon).

 

7 décembre

Je me rends à Noirlac et c’est une longue route, souvent, droite, que je décide de détourner par un intéressant slalom autour de l’itinéraire Jacques Cœur (par Contres et Dun). Je rencontre Sandra Cayla du CD (combien de temps dirons nous encore CG ?), convoquée par Marine Thévenin qui est l’hôte du CCR Noirlac.

Elle dit qu’elle ne sait pas trop pourquoi elle est là, à juste titre, je dirais, mais surtout pour présente la politique ENS. On réalise combien nous parlons dans un jargon absurde, DREAL, ENS ? ZNIEFF, DOCOB et COPIL, etc. et que c’est probablement la même chose dans tous les domaines.

Nous faisons tous les trois une visite du bocage de Noirlac, puis nous allons manger à Saint-Amand-Montrond et se répète la scène du restaurant steak et frites. je n’ai malheureusement pas le temps d’aller jusqu’au Cher car j’ai l’’occasion de visiter l’abbaye avec une classe du lycée agricole. Association pierre/jardin qui me frappe.

Je rentre finalement par de petites routes (non sans traverser plusieurs fois le Cher, noble et sauvage) (VenesmesCorcoySainte-Lunaise). Effectivement plus on approche Bourges, plus on conçoit que le pays s’appelle Champagne. C’est même un peu effrayant. Après la Marne et les Ardennes (et l’aspect militaire, et guerrier mémorial, ajoute à la mélancolie), cela préfigure de belles balades et beaux horizons dans la Beauce…

Arrivé à Bourges je me paume encore dans la zone commerciale circonstante, absolument délirante d’étendue, puis j’essaye d’écrire quelques mots à la maison. C’est un petit pavillon assez rigolo, très populaire et très gj aussi.

Le soir, la rencontre à l’atelier rassemble très peu de monde, mais nous sommes tout de même six, et c’est un très bel échange entre nous.

Je rentrerais le lendemain à l’aube, je ne sais pas pourquoi je dois me lever à 4h du matin, faire une heure trente de route, et de nouveau garer la voiture, c’est complètement idiot. Mais heureux. Je découvre le territoire, je commence à le relier.