Frères sorcières

Editeur : Éditions du Seuil
Auteur : Antoine Volodine

EAN : 9782021363753
Lieu : Paris
Prix : 20 €
Collation : 299 p. ; 21 x 14 cm ;
Collection : Fiction et Cie
Note : Disponible
Date de parution : 03/01/2019

Trois voix puissantes, toutes liées au théâtre, à la féminité, au chamanisme et à la mort.

Dans un pays de montagnes et de désert, une petite troupe itinérante est attaquée par des bandits. Bien vite, l’unique survivante est entraînée dans la vie criminelle et sauvage de ses ravisseurs. Esclave sexuelle d’un chef, elle reste obsédée par un cantopéra composé de vociférations magiques qui s’adressent à toutes les petites sœurs du malheur et qui les guident vers l’apaisement, vers l’art de mourir ou vers d’autres mondes. La deuxième voix reprend intégralement le texte de la pièce étrange qui habite la comédienne. La troisième voix répond aux deux autres. Elle raconte en une seule longue phrase sorcière le parcours sans fin, de renaissance en renaissance, d’un être sans genre, tantôt masculin, tantôt féminin, qui erre dans l’espace noir.

Des aventures violentes et démoniaques, marquées par une sexualité délirante mais aussi par la nostalgie de la déclamation, de la parole et du souffle. Et de la survie coûte que coûte.

« Seules des femmes prenaient la parole dans la pièce. Des démentes, des prostituées, des mortes. Et elles s’exprimaient uniquement au moyen de phrases terriblement brutales et concises, qui sonnaient comme des avertissements, des conseils incompréhensibles et des slogans. Ma grand-mère et ma mère avaient intégré ces slogans à leur personnalité, à leur intimité, à leur existence quotidienne. Comme s’il s’était agi de la chose la plus naturelle du monde, elles les prononçaient en ma présence et elles me les transmettaient. Elles m’ont transmis mille autres choses, bien sûr, mais c’est cela que je me rappelle avant tout quand je pense à elles. C’est cela que je veux retenir avant tout. Quand je faisais ma toilette, j’entendais la voix de ma mère derrière la cloison, sa voix éraillée, ORDONNE TES OS A LA PERFECTION ! ORDONNE TES ORIFICES A LA PERFECTION ! ORDONNE TA FIGURE A LA PERFECTION ! NETTOIE SUR TOI LES FLAMMES DE L’AUTOMNE, LAVE-TOI ! ORDONNE TES MAINS FROIDES A LA PERFECTION ! SORS DE L’EAU, CHANTE LES CHANTS, LAVE-TOI ! À mon tour, je répétais ces phrases qui devenaient pour moi familières et essentielles. »


Antoine Volodine est né en 1949. Il a publié une quinzaine de livres qui fondent le « post-exotisme », univers littéraire parallèle où onirisme, politique et humour du désastre sont le moteur de toute fiction. Des anges mineurs (1999) lui a valu le prix Wepler et le prix du Livre Inter 2000. Terminus radieux (2014) lui a valu le prix Médicis. Après avoir enseigné la littérature russe – qu’il traduit également –, il se consacre entièrement à son œuvre. Il a écrit plusieurs textes pour la radio (France Culture) et sa construction romanesque est aujourd’hui riche d’une trentaine de titres. Il vit à Orléans et voyage souvent en Orient (Macao, Hong Kong).