Florent Perrier auteur associé à la librairie Le Livre - Tours (37)

La librairie Le Livre accueille pour une durée de 4 mois, entre avril et septembre 2015, l'auteur Florent Perrier, pour son projet d'écriture et de séminaires phalanstère W. Walter Benjamin - Charles Fourier : l'utopie sauve

La librairie Le Livre accompagnera Florent Perrier dans son projet d'écriture par l'élaboration d'un séminaire de travail autour de la pensée du philosophe Walter Benjamin, qui réunira un lectorat prêt à suivre sur une durée de plusieurs mois la formation d'une pensée, son exposition, sa comparution, son risque. L'idée principale est d'aborder les points de convergences possibles, les indices et les points sensibles entre la pensée de Benjamin et Charles Fourier (et bien d'autres) afin d'explorer les rapports féconds entre l'art, l'utopie et le politique, de la première moitié du XIXe à nos jours.

phalanstère W est la dénomination d’un projet d’écriture et de séminaires, pour lequel la lettre W recèle plusieurs significations :

W est d’abord, ici, la lettre de l’alphabet qui désigne, dans le monumental ouvrage posthume de Walter Benjamin intitulé Paris, capitale du XIXe siècle, la liasse consacrée à Charles Fourier.
Entre la liasse « Conspirations, compagnonnage » et la liasse « Marx », parmi 36 autres liasses emplies de citations et de réflexions minutieusement amorcées par le philosophe allemand sur près de 1000 pages figure, forte d’environ 190 fragments, celle dédiée au « rêveur sublime ».
W ou le hasard de la dénomination dans Le Livre des Passages.
W est aussi la seconde initiale qui, dans l’original en allemand, désigne Paris, capitale du XIXe siècle, soit le Passagen-Werk communément abrévié en PW : travail sur les passages.
De Passagen-Werk PW à pW phalanstère W la nuance est ténue, surtout si l’on songe que la liasse W abrite l’essentiel des réflexions laissées par Walter Benjamin sur le phalanstère fouriériste qu’il considérait, à tort, comme inspiré par l’architecture des passages parisiens.

W est donc une initiale plurielle pour un point de départ aux bifurcations multiples : un travail singulier et ouvert à accomplir, une échappée hors des limites disciplinaires où persévérer jusqu’à l’achèvement projeté sous forme d’essai depuis plusieurs années maintenant.

Demeure palatiale complexe pensée pour le seul mouvement de la vie en commun, le phalanstère doit sa création à Charles Fourier et son nom à la contraction ironique des termes « phalange » et « monastère », alliance osée du militaire et du théologique pour désigner l’espace de tous les désirs. Un lieu ouvert pour moines gyrovagues du temps présent, un lieu de passage et d’échange pour artistes sociétaires.

Le phalanstère de Fourier serait ainsi symboliquement logé dans les arcanes de ce W benjaminien, hospitalité plus flagrante encore rapportée au fragment [W 7, 4], au coeur de ce projet d’écriture et de ces séminaires, où apparaît, hasard objectif de la dénomination, derrière la lettre emblème de la liasse Fourier, un sept avril (7, 4), date de naissance de l’utopiste.

Présentation du séminaire :

"L'espace du séminaire est phalanstérien, c'est-à-dire, en un sens, romanesque. C'est seulement l'espace de circulation des désirs subtils, des désirs mobiles" : à s'attacher à ces mots de Roland Barthes, à souhaiter les voir s'incarner de fait en des corps comme en des discours contemporains, sans doute y verra-t-on une part de rêve, d'utopie. [Florent Perrier]

 Le séminaire de recherche phalanstère W a pour objet, provisoirement esquissé sous cette forme : Walter Benjamin Charles Fourier, l’utopie sauve. De l’article sur « L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique » jusqu’aux fragments posthumes rassemblés sous le titre Paris, capitale du XIXe siècle, il s’agira de reconnaître et circonscrire les implications esthétiques et politiques liées à la présence de Charles Fourier dans les œuvres écrites par Walter Benjamin au cours des dix dernières années de son existence vécues, pour l’essentiel, en exil en France. Au cœur de cette enquête historique et théorique figure le fragment [W 7, 4] du Livre de Passages : « Il faut établir une comparaison entre l’idée de Fourier selon laquelle les phalanstères se propagent par des explosions, et deux idées de ma politique : celle de la révolution comme innervation des organes techniques du collectif (comparaison avec l’enfant qui apprend à saisir en essayant d’attraper la lune) et celle de la rupture de la téléologie naturelle. »

Walter Benjamin Charles Fourier ou quelle place accorder à l’utopie dans l’œuvre de l’essayiste allemand, quel est le rouge de ce fil et comment en vient-il à se manifester au présent, à pouvoir ou devoir être aujourd’hui relevé ?

Chantier de grande ampleur par son caractère notamment transversal, c’est d’abord au défrichage ou au déblaiement des matériaux sensibles accumulés que seront consacrées les premières séances de phalanstère W.

Voir aussi

Florent Perrier est né le 11 septembre 1970 à Paris.
Chercheur en esthétique et théorie des arts, Florent Perrier explore les rapports entre l’art, l’utopie et le politique du début de l’ère industrielle à l’extrême contemporain. Loin des traditions de lecture hostiles au sensible, il s’intéresse à la part de l’art dans les discours et postures utopiques, lorsqu’elle révèle notamment sa dimension politique dans une perspective émancipatrice nourrie de pratiques critiques de l’écart. Ces pratiques critiques de l’écart, au cœur de ses interrogations, se caractérisent par le refus de toute assignation du regard, du corps comme de la pensée, la constitution parallèle d’une esthétique de la résistance et l’ouverture du présent à l’effraction sensible du différent.

Trois lignes de recherche principales décrivent ses travaux :

  • le discours utopique en sous-main
    la place de l’art et du sensible à l’épreuve des lectures politiques de l’utopie
  • Walter Benjamin, la théorie critique et l’utopie
  • art, utopie & politique
    sources, variations et contemporanéités

Un projet soutenu par Ciclic, grâce au disposif "Auteurs-associés"