L'Association bd BOUM accueille d'avril à juillet 2016, Armelle Modéré, auteure et illustratrice. Durant quatre mois, elle se consacrera à son projet d'écriture bd jeunesse sur l'histoire d'un Juste pendant la seconde Guerre Mondiale.
Projet culturel et artistique d'Armelle Modéré :
"Je viens de la littérature jeunesse et j’ai toujours raconté des histoires pour les petits. Des histoires de pots, de dodos ou alors des petits récits fantastiques où les héros flirtent avec le Loup.
Et c’est la première fois que j’essaie, dans ma vie de « raconteuse », de raconter la vie de quelqu’un que je connais et qui m’est cher. Ça n’a pas été facile et vous verrez que, même dans cet exercice, je me suis cachée derrière la fiction. Mais cette histoire me permet de parler de celle de mon grand-père, Jules Badey de son vrai nom, né en 1913 en Saône-et-Loire. Elle me permet également d’apporter ma – maigre – contribution à l’Histoire avec un grand « H » pour que des évènements comme la Shoah ne se renouvelle pas ; et parce qu’en vieillissant, je me sens dotée d’une nouvelle responsabilité, celle de mes actes et de mes idées, d’une sorte de devoir de transmission mêlé d’un fort sentiment citoyen. Bien sûr, cela n’engage que moi, mais puisque j’ai la chance d’être auteure et de pouvoir transmettre, alors je me suis lancée, comme j’ai pu. Bien sûr, je me suis trouvée face au vide. Comment raconte l’horreur de la guerre à des enfants ?
Comment retranscrire l’histoire de mon grand-père ? (Je dis « mon » grand-père mais j’en ai eu deux d’ailleurs, le deuxième, Raymond Modéré, né en 1921 en Alsace mais que j’ai moins connu).
Mes deux grands-pères ont connu la seconde guerre mondiale et y ont participé activement.
Rapidement, ils ont été faits prisonniers et ont passé plusieurs années dans des camps. L’un deux s’est évadé pour entrer dans la résistance.
Cette histoire est simple et si je la racontais, elle ressemblerait trait pour trait au récit de Jacques Tardi qui a décrit la vie quotidienne de son père au Stalag dans ses bande-dessinées intitulées
« Stalag II B ».
Je me souviens encore de certaines choses que me racontait mon grand-père Jules sur sa vie en Allemagne, propos largement édulcorés, choisis méticuleusement pour ne pas heurter ma sensibilité d’enfant. Mais je sentais déjà l’indicible douleur des évènements passés, de la survie, de la difficulté d’engager sa vie vers l’avenir ou de l’inexplicable brutalité des propos échangés avec la génération suivante. La vie de ma famille a été irrémédiablement marquée par cette seconde guerre mondiale et je suis certaine que la vôtre aussi.
Mon grand-père n’a pas sauvé de juifs pendant la guerre. L’aurait-il fait ? Personne ne peut le dire ?
Pas même-moi si j’avais été à sa place. Et malheureusement, je n’ai pas eu le temps de le questionner, ne serait que sur la question juive.
Mais le souvenir marquant de la guerre dans l’histoire de ma famille est pour moi celui de l’injustice, de l’atrocité et de l’inutilité.
L’histoire que j’écris, « Jules B » est un témoignage sur la faculté de l’homme à écouter son cœur et sa raison, à être doué d’empathie, à faire fi des idées crées par l’extrémisme.
Ils sont nombreux, ces hommes et ces femmes que l’on appelle « les justes » et qui nous laissent un immense espoir sur notre degré d’humanité.
Les nombreuses heures passées sur ce projet, à dessiner, colorier mais aussi à me documenter, à visionner et à écouter des témoignages douloureux ne sont pas grand-chose à côté de ce qu’ont vécu nos aïeux mais puissent-elles résonner jusqu’à eux comme un soutien à leur histoire, à notre histoire à tous." Armelle Modéré
Son projet d'écriture :
Thème : Histoire d’un Juste pendant la seconde guerre mondiale
Public : Jeune public- à partir de 12 ans – collège/lycée
Résumé de l’histoire :
Jules Badey est un cordonnier Bourguignon pendant la seconde guerre mondiale, un homme sans histoires qui essaye tant bien que mal d’exercer son métier dans un pays occupé. De la guerre, il ne pense pas grand-chose, hormis qu’elle l’empêche de traiter ses commandes correctement par le manque de matières premières, ces dernières étant souvent bloquées et/ou réquisitionnées par les allemands. C’est un homme seul et abattu qui accuse le coup du départ de sa femme pour un autre homme, un « baron » qui possède un manoir à la sortie du village. Il noie sa détresse dans son vin quotidien. Des juifs, il ne pense rien non plus. A peine sait-il qui ils sont. De la déportation, il n’a jamais entendu parler et l’exode qui commence sous ses yeux est pour lui un simple défilé de voitures qui partent se mettre en lieu sûr plus au Sud. Alors quand il croise sur sa route 3 petits enfants juifs, il est décontenancé. Son cœur parle et lui demande de les protéger. Mais voilà que les voisins s’en mêlent. Jules, soumis aux pressions décide de se débarrasser des petits. Mais, lors de sa montée vers la Capitale, des évènements vont contrarier ses plans et lui faire prendre une décision irrévocable : il sauvera ces juifs coûte que coûte. La route sera semée d’embûches et Jules va alors mettre sa vie en danger.
Des animations littéraires pour les élèves et le public :
Dans le cadre de la "résidence-auteur associé" des animations littéraires sont prévues :
- Mai, deux rencontres (1/2 j) à la Maison de la bd avec des établissements scolaires
- Juin, une rencontre (1/2 j) à la Maison de la bd avec un établissement scolaire
- Juillet, deux ateliers (1/2 j) avec des enfants à la Maison de la bd
- Novembre, retransmission à l’occasion du festival bd BOUM